Une équipe de spécialistes dépêchée au Zimbabwe sous l’égide de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a identifié 30 souches de choléra dans ce pays ravagé par cette maladie hydrique.
Depuis le début de l’épidémie, en août 2008, et jusqu’au 1er mars 2009, le choléra a fait 3 939 morts, contaminé 85 300 personnes, et touché chacune des 10 provinces du pays et 55 de ses 62 districts.
Le Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques (ICDDR), basé à Dhaka, capitale du Bangladesh, a découvert que dans l’un des 16 sites de test situés au Zimbabwe, toutes les sources d’eau de Budiriro, un district ouvrier de la capitale, Harare, étaient contaminées par le choléra.
« On a découvert que toutes les sources d’eau qui avaient fait l’objet d’un prélèvement étaient sévèrement contaminées par des coliformes totaux, et que certaines d’entre elles contenaient également des coliformes fécaux. Fait intéressant, les eaux de puits étaient elles aussi contaminées par des coliformes fécaux », a indiqué l’ICDDR dans son rapport préliminaire.
« Le nombre de coliformes totaux dans 100 ml d’eau était trop important pour être déterminé, et le nombre de coliformes fécaux était de 26/100 ml, un résultat nettement supérieur au seuil préconisé par l’OMS ».
Les coliformes, un vaste groupe de bactéries présentes dans le tractus intestinal des mammifères, indiquent souvent la présence d’une maladie ; les directives de l’OMS stipulent que l’eau potable ne doit contenir aucun coliforme.
Dans le district de Budiriro, depuis le 28 février, 196 décès dus à la maladie et 8 154 cas de choléra – soit près d’un dixième de l’ensemble des cas de choléra recensés au Zimbabwe jusqu’à présent – ont été rapportés.
À ce jour, selon l’OMS, le bilan le plus lourd associé à un site spécifique a été enregistré à l’hôpital Beatrice Road, une clinique publique spécialisée dans les maladies infectieuses située non loin de la vaste commune de Mbare, dans la banlieue de Harare, où 265 personnes sont décédées et 5 135 cas ont été recensés.
Au cours des enquêtes menées en janvier 2009 par l’ICDDR en différents points du pays, de Harare à Bulawayo, seconde ville du pays située dans le sud-ouest, en passant par Mutare, dans l’est, ainsi que d’autres zones rurales, « un total de 30 souches [de choléra] ont été isolées », peut-on lire dans le rapport.
Pénurie de compétences médicales
« L’environnement aquatique tout entier semble être sévèrement contaminé. Par conséquent, une intervention environnementale s’impose », a souligné l’ICDDR, qui a vu le jour en 1978, et à qui l’on doit la mise au point d’un traitement de réhydratation orale administré dans le cadre de la prise en charge des maladies infectieuses diarrhéiques, notamment le choléra.
D’après le rapport, le nombre de professionnels de santé compétents, tels que médecins, infirmières et auxiliaires médicaux, est « inadéquat » dans la plupart des établissements de santé ; en outre, dans « l’un des CTC [centre de prise en charge du choléra], victime d’une pénurie de SRO [sels de réhydratation orale], des fluides IV [intraveineux] ont été administrés par voie orale ».
« Cependant, le caractère urgent de la prise en charge des patients souffrant de déshydratation sévère n’était pas toujours bien compris... Dans certains cas, les perfusions n’étaient pas interrompues, alors même que la réhydratation était totalement terminée. Toutefois, aucun cas de surhydratation n’a été observé », précise le rapport.
« Les SRO n’ont pas été suffisamment utilisés, et une nette tendance à la surutilisation des fluides IV a été constatée. La promotion inadéquate des SRO était fréquente », a indiqué l’ICDDR.
« L’accent n’a pas été suffisamment mis sur l’éducation sanitaire et la diffusion de messages sanitaires clés aux patients ainsi qu’à leurs familles (par ex., combien il est important d’utiliser de l’eau salubre, de se laver les mains, ou d’éliminer les fèces de façon adéquate) durant leur séjour dans les établissements de santé ».
Les médecins qui se sont rendus sur place ont salué « l’attitude positive » des professionnels de santé, « compte tenu de la pénurie de ressources humaines, des connaissances limitées en matière de prise en charge de la diarrhée et de l’insuffisance des mesures préventives ».
La pénurie de denrées alimentaires pour les patients et le personnel, et les difficultés d’approvisionnement des véhicules en carburant reflètent les répercussions des pénuries alimentaires auxquelles est confronté le Zimbabwe – sept millions de personnes sont dépendantes de l’aide alimentaire – et l’effondrement économique du pays.
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