lundi 28 février 2011

Haïti, un an après : quel bilan ?

Un an après le séisme qui a bouleversé le pays, les haïtiens sont encore dans l'attente de changements significatifs à même de remettre sur pied la nation la plus pauvre d'Amérique. Le séisme du 12 janvier 2010 a laissé derrière lui plus de 250.000 morts et deux millions de sans-abri. Au cours des jours qui ont suivi, sont arrivées des tonnes de nourriture et d'aides et de nombreuses autorités du monde ont rendu visite à Port-au-Prince. La première aide est parvenue de la République Dominicaine voisine, qui s'est démontrée immédiatement solidaire en créant un pont aérien destiné aux secours internationaux dans la mesure où l'aéroport de la capitale haïtienne avait été rendu inutilisable par le séisme.

Au Sommet des donateurs réuni à New York le 31 mars 2010, le monde s'était engagé à offrir une contribution de 5.300 millions de dollars en deux ans, somme considérée comme très importante mais insuffisante en vue de la reconstruction totale. En effet, 60% des infrastructures d'Haïti ont été détruites, 200.000 maisons endommagées, le pays ayant enregistré des pertes pour un total de 7.800 millions de dollars soit 120% de son produit intérieur brut de 2009. Ce qui a fait dire au Premier Ministre, Jean Max Bellerive, que la contribution promise était « maigre ».

Douze mois après le séisme, une grande partie de cette contribution n'est pas encore parvenue à la nation caribéenne. Au mois de juillet, en commémorant les six premiers mois après le séisme, le Président haïtien, René Préval, avait déclaré qu'il existait une grande disproportion entre les fonds nécessaires à la reconstruction et ceux reçus jusqu'alors. Les donateurs eux-mêmes ont reconnu ne pas avoir envoyé toutes les aides promises. La Banque mondiale prévoit d'achever la mise à disposition de 749 millions de dollars à la fin de l'année 2011. Le FMI a approuvé l'annulation de la dette d'Haïti qui s'élevait à 268 millions de dollars.

En 2010, la Banque interaméricaine pour le Développement a affecté 176 millions de dollars à Haïti. L'Union européenne a communiqué que, sur un total de 1.235 millions d'€uros (soit 1.600 millions de dollars environ) d'aides prévues pour la reconstruction d'Haïti, seuls 422 millions d'€uros (soit 560 millions de dollars) avaient pour l'heure été mis à disposition. L'Union des Nations Sud-américaines (UNASUR) a recueilli 75% des 100 millions de dollars promis à Haïti, selon une communication faite à l'agence Efe par son représentant spécial à Haïti, Materolo.

Nombreux sont ceux qui dénoncent le manque de cohérence entre les promesses d'aide et la réalité des faits, comme le Père Angel García, prêtre et Président de l'ONG espagnole « Mensajeros de la Paz » (« Messagers de la paix ») qui a déclaré à la presse qu'à Haïti, « rien n'a été reconstruit » (voir Fides 08/10/2010).

La Commission interne pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) a reconnu lors de sa réunion de la mi-décembre 2010, tenue à Saint-Domingue, que les objectifs pour 2011 comprennent le transfert de 400.000 personnes évacuées sur un total de 1,3 millions qui vivent encore sous la tente au sein de camps provisoires ainsi que le déblaiement de 40% des détritus causés par le séisme (voir Fides 06/11/2010).
Haïti était déjà submergé avant le 12 janvier 2010 par une profonde crise qui touchait les aspects économique, politique, social et culturel : le taux de chômage était de 70% et l'extrême pauvreté frappait 80% de la population. Malheureusement, la corruption, dont on craint qu'elle ait pu détourner d'importantes ressources provenant de l'aide humanitaire, demeure l'un des plus grands maux du pays, ainsi que l'affirme dans son rapport 2010 l'ONG « Transparency International » qui place Haïti au 146° rang sur un total de 178 pays examinés.

La situation s'est par ailleurs aggravée suite à la crise politique caractérisée par des accusations de fraudes électorales lancées à l'occasion du premier tour des élections présidentielles du mois de novembre dernier (voir Fides 10/12/2010) et à l'épidémie de choléra qui s'est déclarée au mois d'octobre, causant plus de 3.400 morts et créant de nouveaux besoins (voir Fides15/11/2010).

L'ONU cherche à recueillir 164 millions de dollars afin d'affronter l'épidémie mais elle est réussie à réunir seulement un cinquième de cette somme, selon ce qu'a affirmé le 17 décembre 2010 le Directeur général de l'UNICEF, Anthony Lake.

lundi 21 février 2011

Quelle paix pour le XXIème siècle ?

La paix n'est pas simplement « absence de conflit » , car elle suppose une série de réalités et valeurs, comme la solidarité, le respect, la justice et l'égalité, a rappelé le cardinal Péter Erdo, président du Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE), dans son intervention, vendredi 18 février, à la rencontre annuelle du Comité conjoint de la Conférence des Eglises d'Europe (KEK) et du CCEE, qui s'est déroulée du 17 au 20 février à Belgrade, en Serbie.

Dans son intervention, le cardinal Erdo a parlé d'un « abus » du concept de paix et mis en garde contre le risque de ne pas savoir « faire la distinction entre le vocabulaire utilisé et les vrais objectifs que visent certains groupes d'intérêt, partis ou mouvements ».

« Pouvons-nous parler de paix quand, dans le monde, des personnes sont pourchassées pour leur nationalité ou leur religion ? » interroge-t-il. « Comment parler de paix dans des pays où de si nombreux chrétiens sont privés de liberté religieuse et menacés dans leur propre existence physique, objets de graves formes de discrimination (psychologique, économique et culturelle) qui peuvent se traduire parfois en véritables persécutions ? ».

Pour le cardinal Erdo, il faut rechercher de « nouveaux modes efficaces de solidarité » entre les personnes.

Pour beaucoup, a-t-il ajouté, le mot « paix » signifie aussi « une certaine tolérance, ou un accord tacite d'observer réciproquement ‘une paix' tant que les droits individuels sont respectés ».

Un concept de « tolérance superficielle est insuffisant », a-t-il estimé.

Rappelant que la paix laissée et souhaitée par le Seigneur est basée sur « la vérité de Dieu et de l'homme », et qui appelle à « découvrir la beauté et la richesse des diverses formes d'identité et de communion », le cardinal Erdo a relevé les trois éléments incontournables à reconnaître pour y arriver :

Le premier, a-t-il expliqué, est « l'importance vitale de reconnaître que, dans la famille et la société, chaque individu est diffèrent » et que cela n'est pas en contradiction avec l'aspiration de tous à jouir des mêmes droits.

Il est important aussi, deuxième élément selon le cardinal Erdo, de reconnaître « la valeur des nations en tant que communautés de langue, d'histoire, de culture, d'expériences historiques, de traditions religieuses », « dans un monde qui tend à oublier ses racines et finit par se transformer en une masse indistincte de consommateurs uniformisés, ou alors qui se réfugie, se sentant menacé, dans le nationalisme ou l'extrémisme ».

« Le vrai citoyen responsable, justement parce qu'il connaît et aime sa culture, sa langue et sa patrie, est en mesure de respecter et valoriser l'héritage culturel des autres », a-t-il insisté.

Enfin, le troisième élément à reconnaître est le fait que la paix « a assurément aussi une dimension économique », au regard de la récente crise qui, selon le cardinal Erdo, a montré que « la quête effrénée d'un profit toujours plus grand n'est pas capable de garantir un ordre économique durable ».

Dans ce contexte, a-t-il conclu, les chrétiens ont devant eux « un grand défi » à relever : celui de découvrir, de vivre et d'appuyer les initiatives en vue du vrai bien de la personne. Le bien commun des travailleurs et des consommateurs, ne s'excluent pas, ils s'enrichissent mutuellement, dans la solidarité et la subsidiarité ».


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