samedi 30 janvier 2010

L'Asie des moussons se prépare à faire face à une pénurie d'eau

On croit que l'Asie des moussons, protégée par une pluviométrie importante et par des fleuves tels le Mékong, qui charrient une quantité d'eau douce considérable, est à l'abri de tout problème de ressource hydrique ; c'est faux. Le Vietnam, qui encourt un risque de pénurie d'eau en raison de son processus d'industrialisation et de modernisation, de l'augmentation de sa population, ainsi que des effets du changement climatique, est le premier à tirer la sonnette d'alarme.

C'est ce qu'a affirmé le vice-Premier ministre Hoàng Trung Hai, dans le cadre du récent colloque "Les ressources en eau et le développement durable".

Pour régler ce problème, le gouvernement a mis en oeuvre une stratégie de développement durable pour exploiter et utiliser efficacement les ressources en eau, élaboré plusieurs textes juridiques et plans, dont la Loi et la Stratégie nationale sur les ressources en eau jusqu'en 2020, le Programme national de lutte contre le changement climatique..., a-t-il précisé.

À cette occasion, les scientifiques du pays et leurs homologues des États-Unis, du Japon, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), du Fonds des nations unies pour l'enfance (UNICEF)..., ont évalué l'exploitation et l'emploi des res- sources en eau du Vietnam, les conséquences de leur pollution sur la santé, et formulé des propositions pour une gestion plus efficiente.

Selon des statistiques, le Vietnam recense environ 830 milliards de mètres cube d'eaux de surface, dont 37% engendrés par les pluies. L'exploitation annuelle des eaux souterraines atteint environ 60 milliards de mètres cubes et environ deux tiers sont fournis par des fleuves étrangers. Ainsi, le Vietnam fait partie des pays disposant de ressources en eau moyennes, avec un taux annuel de 4.400 m3/personne, soit très inférieur à la norme moyenne dans le monde (environ 7.400 m3 par an), selon le vice-ministre des Ressources naturelles et de l'Environnement, Nguyên Thai Lai.

La gestion de ces ressources naturelles connaît des problèmes dus à leur répartition déséquilibrée entre les régions du pays ainsi qu'à un financement modeste pour la construction d'ouvrages de régulation des ressources aquatiques. Par ailleurs, une exploitation insuffisamment rationnelle, les gaspillages ainsi que la pollution environnementale aggravent également les pénuries d'eau dans plusieurs localités du pays, à côté de limiter la planification des zones industrielles et économiques, d'après Nghiêm Vu Hai, président de la Commission de la science, de la technologie et de l'environnement de l'Assemblée nationale.

Face à cette situation, le ministère des Ressources naturelles et de l'Environnement propose quelques solutions : utiliser rationnellement et économiquement les ressources en eau, protéger et développer ces dernières, construire des ouvrages d'approvisionnement en eau propre, renforcer les coopérations étrangères dans le développement de ces ressources, etc.

Le Vietnam fait partie des pays considérablement affectés par les effets du changement climatique, dont la plupart mettent en cause les ressources d'eau, a estimé Koos Neofjes, conseiller sur le changement climatique du PNUD au Vietnam.

Soulignant que la sécheresse, les typhons et les crues résultant du changement climatique affectent non seulement le présent mais aussi le futur, Koos Neofjes a recommandé au Vietnam de mieux gérer ses ressources en coordonnant ses programmes et plans de ses divers secteurs tels l'agriculture, l'électricité, etc.

vendredi 29 janvier 2010

Yemen : la vie au compte-goutte

Il tourne le robinet du tuyau d'arrosage qui serpente sur le parterre desséché de son jardin d'intérieur, puis met en marche la pompe électrique qui pallie les défaillances d'un réseau d'adduction à l'agonie. Dans un gargouillis, le tuyau crache péniblement quelques gouttes d'eau. Puis plus rien. Anouar As-Saooly arrête la pompe qui tourne à vide, et referme le robinet. "Il fallait venir hier, c'était le jour hebdomadaire de ravitaillement du quartier", soupire cet ingénieur en hydrologie, employé par une société allemande, GTZ, et qui réside dans un quartier pourtant aisé de Sanaa, la capitale du Yémen. La veille, la famille d'Anouar a donc rempli les deux citernes dont elle dispose. L'eau recueillie, de qualité médiocre, n'est utilisée que pour les tâches ménagères. Pour la cuisine et l'eau potable, c'est uniquement celle des bouteilles ou des jerricans vendus dans le commerce qui est consommée.
L'eau courante est depuis longtemps un mirage au Yémen, et pas seulement dans ses déserts et ses montagnes arides. De tous les fléaux qui pèsent sur ce pays, le plus défavorisé de la péninsule Arabique, du mouvement sécessionniste du Sud à la rébellion armée du Nord, en passant par la présence d'Al-Qaida, qui focalise l'attention de l'Occident, la pénurie en eau constitue sans doute le péril le moins visible, mais le plus insidieux et potentiellement le plus destructeur. Il menace la plus grande partie de la population, qui est aussi la plus pauvre.
Le partage d'une ressource de plus en plus disputée risque d'alimenter à l'avenir une série de guerres de l'eau opposant les campagnes aux villes, ou les régions les plus arrosées aux plus sèches. Un Yéménite dispose en moyenne de 120 m3 d'eau par an pour pourvoir à tous ses usages, contre 1 500 m3 pour la moyenne mondiale. Un chiffre déjà très faible, qui pourrait être divisé par deux d'ici à 2025.
"C'est simple, explique Ramon Scoble, un Néo-Zélandais qui travaille avec les autorités yéménites pour une meilleure gestion des ressources hydriques, il y a cinquante ans, il suffisait de creuser à 10 m de profondeur pour trouver de l'eau. Aujourd'hui, il faut descendre en moyenne à 500 ou 700 m. Dans certaines régions, les puits vont même jusqu'à 1 km." Les nappes fossiles font encore illusion, mais pour combien de temps ? Le fort taux de croissance démographique du Yémen explique en grande partie cette soif inextinguible. La population du pays double en effet tous les quinze ans, alors que les précipitations sont limitées, que le pays est dépourvu de cours d'eau permanents, et que le prix de la désalinisation d'eau de mer reste prohibitif. La consommation dépasse donc, et de beaucoup, le stock renouvelable.
Mais l'origine de la crise de l'eau au Yémen remonte aussi aux années 1970 et à la révolution des techniques agricoles. Dans ce pays désertique, les méthodes ancestrales privilégiaient un usage collectif des eaux de pluie, par la culture en terrasses ou dans le lit d'ouadis régulés par un maillage de petits barrages. A cette époque, la gestion communautaire vole en éclats avec la possibilité désormais donnée de creuser en profondeur et de pomper dans la nappe phréatique. Les autorités incitent à investir dans ces pratiques individualisées au nom de l'autosuffisance alimentaire ou d'une agriculture érigée en symbole national. Le fioul brûlé pour faire tourner les pompes est généreusement subventionné.
C'est ainsi que des cultures gourmandes en arrosage, comme la banane et la pastèque, font leur apparition, y compris pour l'exportation, même si cela revient dans les faits à exporter cette eau qui coule à flots. La surface cultivée avec la seule eau de pluie chute de 1 million d'hectares dans les années 1970 à 500 000 hectares en 2009. Dans le même temps, celle irriguée artificiellement passe de 40 000 à 500 000 hectares.
Un autre facteur a contribué à ce renversement de situation. On peut le trouver dans la multiplication, à Sanaa, des marchés dédiés au qat, ces précieuses pousses vertes mâchées pour leurs effets euphorisants à partir du milieu de l'après-midi, seul ou en société. Lorsqu'il rentre au pays, généralement une fois par an, Rafiq, un jeune Yéménite qui travaille en Allemagne, mesure la progression de cette culture dans les fermes qui entourent Sanaa, depuis l'avion qui le conduit vers la capitale. "Partout ! Il y en a maintenant partout !", lâche-t-il médusé en contemplant les alignements d'arbustes. "Le qat, c'est l'assurance de revenus confortables pour les agriculteurs. On gagne quinze fois plus avec du qat qu'avec des tomates avec la même quantité d'eau", explique Ramon Scoble. Plus d'un tiers des surfaces irriguées avec de l'eau puisée en profondeur lui sont désormais consacrées. La surexploitation des nappes est à son comble, fouettée par le phénomène galopant des puits illégaux. Il est le produit de la corruption et de l'entregent de ceux qu'un rapport de la Banque mondiale, en avril 2009, désigne pudiquement sous l'expression de "personnes influentes", qui gravitent dans les cercles de pouvoir, tribaux ou étatiques.
Enchâssée au milieu de montagnes arides, la capitale du Yémen est particulièrement menacée par la pénurie. Faut-il d'ores et déjà préparer la nécessaire division par deux de sa population (2,2 millions d'habitants) ? C'est en tout cas la position d'un expert géologue, Mohammed Al-Doubei, exprimée en août 2009, lors d'un colloque du Sheba Center for Strategic Studies, au cours duquel a été également pronostiqué l'épuisement définitif en 2025 de l'aquifère sur lequel est installée la ville. "Un tel catastrophisme est contre-productif, relativise de son côté Abdul Rahman Al-Iriyani, ministre de l'environnement et de l'eau. On annonçait déjà la pénurie il y a dix ans, puis on y a remédié en pompant plus en profondeur, donnant alors l'impression qu'on avait crié au loup pour rien. Mais c'est vrai, la situation est très sérieuse, de nombreux incidents tribaux reposent déjà sur des querelles liées à l'eau. J'ai trop souvent l'impression que la question de l'eau, au Yémen, se résume à une course à celui qui aura la dernière goutte, alors qu'il faudrait se rassembler pour tâcher de mieux faire."

source : Le Monde

jeudi 28 janvier 2010

Rapport mondial de suivi Education pour tous 2010

Le Rapport mondial de suivi sur l’éducation pour tous, rédigé chaque année par une équipe indépendante, évalue la progression au niveau mondial des six objectifs sur lesquels 160 pays se sont engagés dans le Cadre d’action de Dakar, adopté à l’issue du Forum mondial qui s’est tenu dans la capitale sénégalaise, en avril 2000.

Des avancées importantes ont été enregistrées au cours des 10 dernières années, comme la diminution de 33 millions du nombre d’enfants non scolarisés, l’augmentation de celui des enfants terminant le cycle primaire, la réduction des disparités entre les sexes ou encore la progression de l’alphabétisation.

Mais il reste qu’en 2007, 72 millions d’enfants dans le monde n’avaient toujours pas accès à l’éducation. « Si les tendances actuelles se confirment, environ 52 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire ne seront toujours pas scolarisés en 2015 », a souligné Kevin Watkins, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York.

La publication du Rapport a lieu dans un contexte préoccupant où, a précisé M. Watkins, « nous commençons à observer les contrecoups de la crise financière sur les systèmes d’enseignement des pays à faibles revenus ».

En Afrique subsaharienne, on estime que les dépenses publiques consacrées à l’éducation primaire seront en baisse d’environ 10% en raison du ralentissement de la croissance et de la baisse des revenus publics. Selon les auteurs du Rapport, l’Afrique subsaharienne doit ainsi faire l’objet d’une action prioritaire.

Le Rapport de l’UNESCO montre que la crise pourrait créer une génération d’enfants perdus avec des chances d’épanouissement irrémédiablement amoindries par une incapacité à protéger leur droit à l’éducation. Ses auteurs s’attachent à identifier ces enfants et à connaître les raisons pour lesquelles ils sont laissés de côté. Ils proposent des mesures concrètes permettant de s’assurer qu’aucun enfant ne soit exclu de l’école.

À la veille du grand Sommet international de 2010 sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les rédacteurs du Rapport soulignent que les occasions manquées dans le domaine de l’éducation seront autant d’obstacles à la croissance économique, à la réduction de la pauvreté et aux progrès en matière de santé et dans d’autres domaines.

Ils exhortent les pays riches et le G-20 à augmenter l’aide à des conditions favorables pour éviter de dégrader les budgets des pays les plus pauvres. Ils estiment, comme l’a précisé M. Watkins, que les donateurs devront combler un déficit de financement de 16 milliards de dollars par an pour pouvoir atteindre l’objectif d’éducation primaire universel d’ici à 2015. Le monde ne parviendra à scolariser tous ses enfants qu’en mettant la marginalisation au centre des politiques d’éducation.

M. Watkins a en outre indiqué que le Rapport utilisait un nouvel outil de mesure, un ensemble de données sur la marginalisation et les manques dans l’éducation, afin d’étudier l’étendue des désavantages à l’aide d’un seuil de « pauvreté d’éducation ». Ce seuil a été fixé à quatre années de scolarisation, le minimum requis pour acquérir les compétences de base chez les jeunes adultes âgés de 17 à 22 ans. Le rapport identifie 22 pays dont au moins 30% des jeunes adultes sont en dessous de ce seuil et 11 pays d’Afrique subsaharienne où ce taux atteint au moins 50%.

source ONU

mercredi 27 janvier 2010

En France la mortalité maternelle devrait pouvoir régresser

La France, en tête des pays européens pour la natalité, avec plus de 800.000 naissances annuelles, doit encore progresser pour rejoindre les meilleurs dans la lutte contre la mortalité maternelle, selon un rapport d'experts publié mardi.
En France, le taux de mortalité maternelle est encore de 9,6 pour 100.000 naissances.
Chaque année, en moyenne, plus de 70 femmes décèdent de leur grossesse ou de ses suites. Si la mortalité maternelle, d'après l'OMS, situe la France dans la moyenne des pays européens, elle reste en-deçà des meilleurs, et très loin de la Suède dont les taux sont deux fois plus faibles.
Or, selon les experts "50% de ces décès sont évitables ou présumés tels car le plus souvent liés à des mesures thérapeutiques inappropriées".
"Ces 40 morts par an sont à l'évidence inacceptables", commente le Pr Gilles Crépin (Académie de médecine), auteur de l'éditorial sur ces morts maternelles évitables.
Le constat porte sur le bilan 2001-2006 présenté dans un rapport du Comité national d'experts sur la mortalité maternelle (CNEMM), publié mardi et issu d'un travail avec l'Inserm et l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Durant cette période (2001-2006), l'âge moyen des femmes décédées de mort maternelle était de 33,3 ans. Le risque de mort maternelle est trois fois plus élevé à 35-39 ans qu'à 20-24 ans et huit fois plus à 40-44 ans et 30 fois plus au-delà de 45 ans.
Il faudrait donc encourager les femmes à avoir leurs enfants plus jeunes car les risques pour leur santé d'une grossesse tardive augmentent rapidement après 35 ans, soulignent les chercheurs de l'Inserm.
"En 2004, la France était au 16e rang des pays européens" en termes de mortalité maternelle, relève le Pr Crépin.
"On devrait pouvoir mieux faire", dit-il à l'AFP en évoquant l'Ile-de-France (IDF) où "il est absolument nécessaire de pousser les investigations pour trouver des solutions".
Les taux de mortalité maternelle de l'IDF et des départements d'outre-mer (DOM) dépassent en effet la moyenne nationale.
En IDF, cette mortalité maternelle est supérieure de 30% et, dans les DOM, elle est trois fois plus fréquente qu'en métropole.
Ce taux demeure supérieur chez les femmes de nationalité étrangère, notamment originaires d'Afrique subsaharienne qui peuvent avoir des complications obstétricales plus sévères (hypertension et infections). En IDF, le taux de mortalité maternelle chez les Africaines est de 28,9/100.000 naissances et de 10,2 chez les Françaises.
Un quart des morts maternelles survient pendant la grossesse, un tiers dans les premières 24 heures après la naissance et un autre tiers, au-delà de ces 24 heures mais à moins de 42 jours du post-partum.
Les hémorragies restent la principale cause de décès (25%). "On devrait pouvoir améliorer la situation en appliquant les recommandations du Comité des experts émises en 2004. En particulier, en mesurant la quantité de sang perdu après l'accouchement, plutôt que de se fier à des impressions", dit le Pr Crépin. La très grande majorité de ces décès par hémorragies (90%) seraient évitables, d'après le Pr Gérard Levy, président de ce comité (CNEMM).
Parmi les autres causes obstétricales de décès, figurent à part égale (10%) l'hypertension artérielle et les thrombo-embolies veineuses (phlébite avec caillot qui va boucher des artères pulmonaires) ainsi que les embolies amniotiques (12%).
L'existence de "lacunes dans le système national de recueil d'informations (...) laisse supposer un nombre encore plus important de ces décès évitables", admettent par ailleurs les experts.

Source : AFP

mardi 26 janvier 2010

L'UE envisage de donner une partie de ses excédents agricoles à Haïti

L'Union européenne pourrait distribuer des excédents agricoles européens aux victimes du séisme en Haïti, a indiqué le 18 janvier, la ministre espagnole de l'Agriculture, dont le pays préside l'UE, en marge d'une réunion à Bruxelles avec ses homologues européens.
"Nous allons travailler au sein de la Commission sur ce sujet", a souligné Elena Espinosa, tout en relevant qu'il semblait qu'il n'y avait "pas beaucoup d'excédents emmagasinés" à l'heure actuelle en Europe.
"Cela ne veut pas dire pour autant qu'on ne pourra pas mener à bien des actions au plan alimentaire", a-t-elle ajouté.
L'UE dispose notamment des stocks d'interventions de beurre d'environ 77.000 tonnes, et de quelque 272.000 tonnes de lait en poudre. En matière de céréales, les stocks concernent essentiellement le blé (1.129 tonnes) et l'orge (91.400 tonnes), selon la Commission européenne.
Le ministre français de l'Agricuture Bruno Le Maire, a lui aussi approuvé l'idée de "mettre à disposition d'Haïti les surplus agricoles européens, si cela peut se faire dans de bonnes conditions matérielles, si cela peut se faire rapidement".
"Face à la détresse alimentaire que connaît Haïti aujourd'hui c'est évidemment une très bonne chose", a-t-il souligné, tout en insistant sur la nécessité d'agir également sur le long terme pour "garantir la sécurité alimentaire d'Haïti".
Sur ce point par exemple, la France vient de décider de lancer un programme de soutien à des micro-projets agricoles en Haïti qui sera doté de 5 millions d'euros sur deux ans, a souligné le ministre français.
En parallèle à la réunion des ministres européens de l'Agriculture et de la Pêche, les ministres européens de l'aide au développement se sont entendus pour débloquer quelque 429 millions d'euros d'aide à Haïti au titre de l'aide d'urgence, mais aussi pour la reconstruction à moyen et long terme du pays dévasté.

lundi 25 janvier 2010

Poutine contre l'alcoolisme

On sait les ravages que cause l'alcoolisme en matière de santé publique. C'est le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, qui a eu le courage d'affronter les lobbies alcooliers et a lancé une campagne contre l'alcoolisme, avec pour objectif de réduire de plus de moitié la consommation nationale d'ici 2020.
Sur son site internet officiel, il annonce une série de mesures pour lutter contre ce "fléau national", notamment des restrictions de vente et de production, une taxation plus lourde et une limitation de la publicité.
La santé de la population "passe avant les intérêts des acteurs du marché de l'alcool", souligne le site du Premier ministre.
Il précise que 23.000 personnes succombent chaque année en Russie à des intoxications éthyliques et 75.000 autres à des pathologies liées à une trop grande consommation d'alcool.
Poutine veut réduire la consommation d'alcool de 15% d'ici 2012 et de 55% d'ici 2020. La consommation d'alcool en Russie représente 18 litres par personne et par an.

dimanche 24 janvier 2010

L'ONU lance l'Année internationale de la biodiversité

Organisation des Nations unies a officiellement lancé le 11 janvier l'Année internationale de la biodiversité pour souligner la dévastation des espèces du monde.

"Au cours du demi-siècle passé, les activités humaines ont provoqué un déclin sans précédent de la diversité biologique", a affirmé le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, dans un message rendu public à cette occasion. "Une grande variété de produits et de services environnementaux que nous considérons comme admis sont menacés, avec des conséquences profondes et nuisibles pour les écosystèmes, les économies et la vie", a-t-il indiqué.

Déjà en 2002, les dirigeants du monde s'étaient engagés à ralentir à l'horizon 2010 le déclin alarmant de la diversité biologique sur la Terre constaté depuis une cinquantaine d'années, a rappelé M. Ban. Cette promesse, prise en compte dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), "ne sera pas atteinte", a-t-il constaté.

M. Ban a appelé dans son message à des mesures telles qu'une gestion améliorée en faveur de la durabilité des forêts qui peuvent stocker le carbone et protéger les bassins hydrographiques, et la préservation améliorée des récifs de corail pour qu'ils continuent à atténuer l'impact des tempêtes sur les littoraux.

C'est pour faire prendre conscience de "la crise imminente et presser le monde d'agir" que l'Assemblée générale de l'ONU a désigné 2010 comme l'Année internationale de la biodiversité, a expliqué le responsable en chef de l'ONU.
En septembre 2010, a révélé M. Ban, l'Assemblée générale tiendra une réunion spéciale de haut niveau pour préparer le Sommet sur la biodiversité à Nagoya (Japon), prévu en octobre, et chargé d'adopter un nouveau plan stratégique pour la mise en oeuvre de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique.

La Convention, entrée en vigueur fin 1993, a été ratifiée par tous les États représentés à l'ONU.

"Nous devons aller à l'encontre de la perception selon laquelle les gens sont déconnectés de notre environnement naturel, a-t-il poursuivi, nous devons approfondir la compréhension de l'importance de la perte de la biodiversité". "En 2010, j'appelle chaque pays et chaque citoyen de notre planète à s'engager dans une alliance mondiale pour protéger la vie sur la Terre", a-t-il lancé. "La biodiversité, c'est la vie, la biodiversité, c'est notre vie", a rappelé M. Ban.
La chancelière allemande Angela Merkel, pour sa part, a donné lundi le coup d'envoi à "l'Année internationale de la biodiversité", appelant à des mesures immédiates pour éviter l'extinction de nombreuses espèces animales et végétales.
"Nous avons besoin d'un changement radical, avec effet immédiat, pas un jour ou l'autre", a déclaré la chancelière dans un discours à Berlin marquant 2010 comme année de l'ONU de la biodiversité.

Les activités humaines provoquent "un taux de disparition des espèces de 100 à 1.000 fois supérieur au taux naturel, qui a des conséquences sérieuses pour nous tous", a affirmé Mme Merkel.

Lors du sommet de la Terre de Johannesburg, en 2002, les dirigeants de la planète s'étaient engagés à "ralentir significativement" d'ici 2010 l'érosion de la biodiversité. Mais, a reconnu Mme Merkel, "nous ne parviendrons pas à respecter cet objectif".

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), organisation de référence en matière de biodiversité, près d'un quart de toutes les espèces vivantes, animales et végétales, pourrait disparaître d'ici le milieu du siècle sous la pression des activités humaines.

Deux grandes conférences de l'ONU concernant la biodiversité sont programmées en 2010, la CITES, qui publie la "liste rouge" des espèces menacées interdites de commercialisation en mars à Doha (Qatar) et la 10e conférence de la Convention sur la diversité biologique (CBD) en octobre à Nagoya (Japon). L'Allemagne exerce actuellement la présidence de la CBD.

samedi 23 janvier 2010

Yaoundé a testé la désinfection solaire

La désinfection de l'Eau par le Soleil a été mise au point par des chercheurs de l'Institut fédéral Suisse pour l'aménagement, l'épuration et la protection des eaux (EAWAG) / département eau et assainissement dans les pays en développement (SANDEC). C'était il y a plus d'une quinzaine d'années, précisément en 1991. Cette méthode dont l'efficacité a été prouvée a fait l'objet des recherches pendant plus de 10 ans sur le terrain et dans les laboratoires.
Le principe est assez simple. En effet, des bouteilles PET (polyéthylène téréphtalate) incolores sont remplies d’eau et exposées au soleil pendant six heures. Les rayons UV A contenus dans la lumière solaire tuent les germes infectieux comme les virus, les bactéries et les parasites (Giardia et Cryptosporidia).
Mené dans 12 quartiers de la ville de Yaoundé autour de quatre zones à habitat spontané (Melen, Essos-Manguier, Carrière et Briqueterie), ce projet aura, selon les initiateurs a permis d'améliorer la qualité de la vie des populations défavorisées en leur apportant de l'eau potable. Le but avoué de ce projet de consolidation était de renforcer la connaissance de la méthode SODIS par les populations et de promouvoir une meilleure visibilité de celle-ci et un usage idoine par les personnes qui en manifestaient le désir. Il intervient après la phase pilote réalisée entre 2007 et 2008. Au cours de cette deuxième phase du projet, plus de 5000 ménages ont été formés et suivis de novembre 2008 à septembre 2009.
Au Cameroun, l'usage de cette méthode est promu par Aquacare, une association apolitique dont le but est de protéger les écosystèmes aquatiques et d'œuvrer pour l'accessibilité à une eau de bonne qualité pour tous. Avec des partenaires tels Tam-tam mobile, ONG Pessaf, Sarkam Zoumountsi, cette association effectue depuis 2007 l'implémentation de cette méthode révolutionnaire à Yaoundé et au Cameroun.
Recommandée depuis 2001 par l'OMS comme méthode alternative de désinfection de l'eau au niveau des ménages, Sodis est actuellement utilisée dans plus de 32 pays en Amérique Latine, Asie et Afrique par plus de trois millions de personnes.

jeudi 21 janvier 2010

Niger : L’eau potable réveille les tambours des mariages !

Par Yahaya GARBA, Maire de la commune rurale d'Adjekoria
Département de Dakoro, Région de Maradi - République du Niger

La nouvelle adduction d’eau installée à Adjékoria a révolutionné le quotidien des familles et particulièrement la vie des femmes.
Terminé les longues heures de marches et les interminables nuits d’attentes pour rapporter à la maison 10 ou 15 litres d’eau pour boire ou préparer les repas. Avec seulement 15 litres d’eau par jour, les mots « toilette » et « lessive » deviennent des mots précieux impossible à prononcer au quotidien. Aujourd’hui nos femmes ne sont plus asservies par la corvée d’eau. Les 4 bornes fontaines installées dans le village leur évitent les longues heures d’attente. Les premiers branchements privés dans les concessions ont été réalisés.
Cette adduction a fondamentalement changé nos relations avec les villages alentours. Autrefois, ils refusaient de nous donner leurs filles en mariage, prétextant qu’elles allaient être réduites à la corvée d’eau. Aujourd’hui, ce sont eux qui viennent demander nos fils. Il est vrai que nos femmes sont heureuses et épanouies. Libérées de leurs corvées d’eau, elles ont du temps pour monter leur petit commerce de tissage, de maraîchage… Pour leur plus grande fierté, les femmes d’Adjékoria participent activement au développement économique de notre communauté.
Grace à cette eau à porté de main, notre village s’est étendu. Et oui, les mariages ont repris. Nous devons penser dès maintenant à l’extension de l’adduction d’eau pour suivre l’accroissement de la population.

mercredi 20 janvier 2010

Salon de l'innovation financière pour le développement en mars 2010.

Événement international organisé par l'Agence Française de Développement, la ‘Bill & Melinda Gates Foundation’ et la Banque Mondiale, le salon se tiendra les 4 et 5 mars 2010 à Paris.
Le Salon proposera un panorama des mécanismes financiers novateurs répondant aux défis actuels du développement, et aura pour but de renforcer les synergies entre les différentes sources, instruments et acteurs pour stimuler l'innovation dans ce domaine. Cet événement rassemblera des experts, des entrepreneurs sociaux, des universitaires et des représentants du monde financier. Il proposera des conférences, des ateliers de travail ainsi qu'un espace d'échange dans lequel les porteurs de projets pourront présenter leurs initiatives.
Les objectifs de cet événement sont :
- Faire avancer l'action et la réflexion dans ce domaine.
- Faciliter le partage des connaissances et les retours d'expériences, et notamment le transfert de savoir-faire « Sud/Sud ». Il s'agira également d'étudier les approches les plus efficaces en termes d'impact et de rentabilité.
- Encourager l'émergence de mécanismes financiers innovants pour résoudre les problèmes de développement à différentes échelles.

mardi 19 janvier 2010

Les femmes, levier de développement essentiel dans la région MENA

Les attitudes sociales et les lois varient considérablement dans la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord), de même que le rythme du changement et du développement. L'époque où les filles des pays du Golfe persique n'étaient pas scolarisées est révolue, mais l'illettrisme féminin reste néanmoins monnaie courante.
La situation géographique est un facteur important : les femmes qui vivent dans les campagnes reculées et traditionalistes ont plus de mal à trouver un emploi ou à créer des entreprises que les citadines d'Amman ou de Marrakech. L'appartenance sociale joue aussi un rôle : les domestiques grâce auxquelles certaines femmes parviennent à gérer des entreprises n'ont généralement pas le même accès à l'éducation et à l'emploi que leurs employeuses. En bref, malgré des exemples encourageants, il reste des progrès à faire avant que toutes les femmes de la région MENA ne puissent développer leur potentiel et apporter leur pleine contribution à l'économie et à la société.
Des initiatives internationales se font jour. Par exemple, l'OCDE travaille avec les pays MENA pour améliorer, sur divers plans, la situation des femmes dans les politiques du personnel des administrations publiques : normes juridiques, recrutement et promotions au mérite, politiques budgétaires, renforcement des capacités, dispositifs permettant un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. L'objectif est d'accroître la représentation des femmes dans la fonction publique, y compris aux fonctions décisionnelles. Ces politiques publiques peuvent contribuer au développement social et économique des femmes, mais c'est dans le secteur privé que l'on constate des évolutions substantielles, les échanges commerciaux transformant le rôle des femmes dans l'économie de leur pays. Malgré la diversité des normes sociales et des cultures, les femmes de la région MENA qui créent et gèrent des entreprises, de la Jordanie jusqu'au Maroc, rencontrent le même type de problèmes, lesquels requièrent des réponses politiques. Prenons l'accès au crédit, par exemple. Mme Barqawi a dû financer la création de son entreprise sur ses deniers personnels, et selon elle, les cautions et les taux d'intérêts souvent très élevés restreignent l'accès au crédit bancaire pour les femmes entrepreneurs. Le microcrédit à taux très modique existe dans plusieurs pays, mais en général, comparé à la France, par exemple, où un tiers des créateurs d'entreprises sont des femmes, le soutien aux femmes reste insuffisant.
La région MENA voit aujourd'hui émerger quelques initiatives pour résoudre ces problèmes, et, depuis la fin des années 1990, les organisations à but non lucratif d'aide aux femmes entrepreneurs se multiplient. Des organes internationaux, comme le Conseil arabe des femmes d'affaires ou le Réseau MENA des femmes d'affaires, aux fédérations nationales d'associations, comme la Chambre nationale des femmes chefs d'entreprise de Tunisie, et aux organisations locales actives, comme le Conseil des femmes entrepreneurs de Dubaï, tous sont essentiels pour la région MENA. Ils aident les femmes à créer des entreprises et contribuent en outre à bâtir les réseaux indispensables à la création d'entreprise dans l'ensemble de la région. D'autres efforts, sur le plan international, visent à renforcer cette dynamique.
Le Forum MENA-OCDE des femmes entrepreneurs, tenu à Marrakech le 22 novembre dernier, a engendré une déclaration sur la promotion de l'entrepreneuriat féminin, invitant les gouvernements à prendre des mesures concrètes, comme l'élimination des obstacles à l'entrepreneuriat liés à des considérations de genre, le soutien à la création de réseaux de dirigeantes d'entreprises locaux, nationaux ou internationaux, le développement de programmes de formation, ou encore l'encouragement des échanges de bonnes pratiques entre pays du MENA et pays de l'OCDE (voir www.oecd.org/mena). Ce type d'initiatives peut-il vraiment faire évoluer les choses dans la région MENA, où beaucoup reste à faire, alors même que la crise économique mondiale continue à sévir ? Cela dépend beaucoup des gouvernements. Certains pays offrent des exemples encourageants, comme Bahreïn, où les femmes représentaient environ 5 % de la main-d'oeuvre à temps plein dans les années 1960 - contre 30 % aux États-Unis. En 2001, ce chiffre passait à 40 %. De même, aux Émirats Arabes Unis, les entreprises gérées par des femmes sont nettement plus prospères qu'aux États- Unis : en 2007, 33 % des sociétés émiraties interrogées réalisaient un chiffre d'affaire annuel supérieur à 100 000 dollars US, contre seulement 13 % des sociétés américaines dirigées par des femmes. On peut débattre de la transposabilité de ces deux exemples dans les grands pays MENA, mais entre 1990 et 2009, la part des femmes dans l'activité économique de la région MENA s'est accrue d'un cinquième, six fois plus vite que dans le reste du monde, et représente plus de six fois le rythme mondial. Reste que la domination masculine est encore très présente dans la région. Dans une publication intitulée « Inégalités entre hommes et femmes dans le monde arabe : religion, droit ou culture ? », la sociologue Madiha El Safty, professeur à l'Université américaine du Caire, explique que ces dix dernières années, l'accès des femmes à l'emploi, et en particulier aux promotions professionnelles, est souvent resté compromis du fait de leurs obligations familiales en tant qu'épouses et mères.
Créer son entreprise est un moyen de surmonter ces obstacles, et en Égypte, par exemple, l'entrepreneuriat féminin joue aujourd'hui un grand rôle dans le dynamisme du secteur privé. Les femmes rencontrent également certains obstacles au Maroc. Pour Abdelhak Hoummad-Jdid, consultant en création d'entreprises pour Casa Pionnières à Casablanca, il faudrait davantage d'associations et d'ONG pour offrir aux femmes « des solutions concrètes à des problèmes concrets ». Le problème est en partie lié au revenu. Au Maroc, le revenu par habitant était de 4000 dollars en 2008, contre environ 5000 dollars en Jordanie et près de 40 000 dollars aux Émirats Arabes Unis. Le gouvernement a lancé des programmes de microcrédit pour aider les femmes entrepreneurs à contourner certaines lois qui restreignent l'accès au crédit bancaire pour les femmes. Mais Casa Pionnières, l'incubateur d'entreprise créé par l'Association des femmes chefs d'entreprise du Maroc, s'adresse surtout aux femmes qui ont un projet « innovant » et « ambitieux », ce pour quoi le microcrédit n'est généralement pas adapté. Même en Tunisie, où les réformes pro-occidentales et les engagements favorables aux droits des femmes remontent à l'époque du président Bourguiba, à la fin des années 1950, les sociétés dirigées par des femmes n'ont pas la vie facile.
Les divergences au sein de la région MENA constituent aussi un frein au progrès dans ce domaine. En 2008, la koweïtienne Sheikha Al- Sabah Hessa, qui préside le Conseil arabe des femmes d'affaires, expliquait dans un journal égyptien que, si la condition des femmes arabes pâtissait des habitudes culturelles et des normes en place, les différences entre les systèmes politiques et économiques ont aussi constitué un obstacle, parce qu'elles limitent le libre transfert des capitaux entre pays arabes. Une coopération transfrontalière accrue pourrait aider davantage les femmes de la région MENA, et bénéficierait également à l'économie mondiale en général. Il n'est dès lors guère surprenant que les pays hors MENA s'y intéressent autant. En 2006, le Département d'État des États-Unis, dans le cadre de l'Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient (MEPI), a cofondé le Réseau MENA des femmes d'affaires (MENA Businesswomen's Network), un portail web qui informe sur les « plateformes de réseaux » dans la région.
En avril 2009, le Président des États-Unis a nommé Melanne Verveer Ambassadrice itinérante chargée de la question des femmes dans le monde. Mme Verveer, cofondatrice de Vital Voices Global Partnership, une organisation internationale à but non lucratif en faveur des femmes, développe et coordonne des activités telles que le programme Corporate Ambassadors pour faire progresser la situation des femmes dans le monde. Lancé en 2007 par Vital Voices et le MEPI, ce programme permet à des dirigeantes d'entreprises débutantes de rencontrer des femmes d'affaires américaines de haut niveau. Selon Mme Verveer, en encourageant les femmes entrepreneurs à partager leurs stratégies professionnelles, leur savoirfaire et leur expérience, les programmes d'accompagnement des entreprises constituent « un apport inestimable » pour les pays de la région MENA - et pour le reste du monde. Si les femmes n'ont pas les moyens d'agir, la moitié de l'économie est sous-utilisée, rappelait récemment Mme Verveer à L'Observateur de l'OCDE. De plus, affirme-t-elle, les dépenses destinées aux programmes d'aide aux femmes sont un investissement « hautement rentable », car la productivité des femmes constitue une excellente opportunité d'investissement. D'ailleurs, poursuit Mme Verveer, les nouvelles entreprises qui sont gérées par des femmes ont un taux de survie supérieur à la moyenne, et les sommes investies en faveur de l'activité féminine déclenchent un « effet multiplicateur » qui bénéficie durablement à l'économie tout entière.

Le message est clair.
Une économie plus forte, plus saine et plus juste, dans la région MENA et dans le reste du monde, n'est possible qu'à condition d'améliorer l'équilibre entre hommes et femmes dans le monde des affaires, et de libérer l'énorme potentiel productif des femmes.

lundi 18 janvier 2010

Cartographie des catastrophes

Le gouvernement du Royaume-Uni a établi une carte du monde montrant les différents effets du changement climatique région par région. Cette carte, qui a été présentée au Secrétaire général de l'OCDE Angel Gurría par l'ambassadeur britannique à l'OCDE, Dominic Martin, montre l'impact potentiel d'une hausse de 4 °C de la température moyenne mondiale sur la planète.
Selon les analyses de l'OCDE, si aucune mesure n'est prise, les émissions mondiales de gaz à effet de serre vont augmenter d'environ 70 % d'ici 2050, et d'ici 2100, les températures mondiales pourraient augmenter de 4-6 °C par rapport à la période pré-industrielle. La carte montre qu'à mesure que les glaciers himalayens fondent, 23 % de la population chinoise pourrait être privée d'eau de fonte glaciaire, essentielle en saison sèche, d'ici 2050. Elle montre également qu'une hausse moyenne du niveau des mers de 53 cm d'ici 2075 déclencherait des inondations qui affecteraient 150 millions d'individus de plus qu'aujourd'hui, en particulier en Asie. Pour M. Gurría, cette carte « constitue une contribution inestimable qui permet de mieux prendre conscience de l'ampleur du défi ». Il a ajouté : « Les preuves scientifiques sont accablantes, la logique économique est sans équivoque, et les conséquences de l'inaction sont effrayantes. »

dimanche 17 janvier 2010

L’assainissement et l’hygiène permettent à moindre coût d’améliorer la santé publique dans les pays en développement

Deux personnes sur trois dans le monde n’ont pas accès à des toilettes. Une personne sur six n’a pas d’eau potable à sa disposition. Cette situation, fondamentalement contraire à la dignité humaine, est en partie responsable chaque année de la mort de deux millions d’enfants et contribue à l’absentéisme scolaire. Par ailleurs, un assainissement insuffisant pollue les ressources en eau.
Le coût des dommages causés à l’environnement et à la santé par le manque d’infrastructures sanitaires et l’utilisation d’une eau insalubre représente 1 % du PIB en Colombie, 0,6 % en Tunisie et 1,4 % au Bangladesh. Les chiffres sont encore plus élevés en Asie du Sud-Est.
C’est dans les bidonvilles surpeuplés, où le risque de contamination est extrêmement élevé, que la situation est la plus préoccupante. Dans ces pays à revenu intermédiaire, la plupart des investissements à réaliser concernent l’évacuation et le traitement des eaux usées dans les villes, qui constituent un problème majeur.
Dans les régions rurales, les initiatives concernant l’eau et l’assainissement s’inscrivent souvent dans des projets plus larges et multisectoriels. Le Fonds social de développement du Yémen par exemple a équipé de services d’eau deux millions de personnes vivant dans les régions montagneuses reculées.
Même si cela constitue une étape incontournable, il ne suffit pas de subventionner l’installation d’infrastructures. Il faut aussi contribuer à faire évoluer les comportements. On sauvera des dizaines de milliers de personnes chaque année en leur donnant l’habitude de se laver les mains avec du savon.
« Nous mettons l’accent sur l’éducation publique, pour faire évoluer les comportements au sein des familles », affirme Eduardo Perez, spécialiste des questions d’assainissement au WSP. « Nous cherchons des moyens efficaces pour inciter les gens à se laver les mains avec du savon, et comment leur en faire prendre l’habitude. Suite à la campagne de promotion réalisée au Ghana, on observe que le nombre de femmes et d’enfants qui se lavent les mains avant de manger ou de préparer des aliments a augmenté de 34 %. »

samedi 16 janvier 2010

Le défi de l'accès à l'eau au Ghana

Au milieu des années 90, sur les 17,5 millions d’habitants que comptait le Ghana, selon les estimations, plus des deux tiers vivaient en milieu rural et 35 % d'entre eux seulement avaient accès à une eau de bonne qualité. Ils étaient encore moins nombreux à avoir accès à des installations sanitaires appropriées. Quatre des cinq maladies le plus souvent signalées dans le pays étaient des maladies liées à l'eau, comme le paludisme, la diarrhée, les maladies de la peau ou les parasitoses intestinales.
C'est pour répondre à cette situation que le gouvernement a lancé en 1994 un programme national d'eau et d'assainissement au niveau des communautés. Un élément central de la stratégie envisagée consistait à transférer aux communautés locales la responsabilité de la gestion de l'eau.
L'IDA (Association internationale de développement (IDA), institution de la Banque mondiale qui aide les pays les plus pauvres de la planète) a commencé à soutenir ce programme entre 1994 et 2000 au moyen d'un crédit de 25 millions de dollars. En 1999, elle a financé le Deuxième projet d'alimentation en eau et d'assainissement communautaire, visant à accroître l'accès à des services communautaires améliorés d'eau et d'assainissement pour les villages et petites localités de quatre régions — Ashanti, Brong Ahafo, Est supérieur et Ouest supérieur. Ce projet a fait appel à un modèle décentralisé à grande échelle et consisté à accorder aux communautés et aux établissements scolaires, par le biais de leurs assemblées de district, des subventions pour la construction de systèmes d'eau et d'assainissement.
Ce projet a permis à 795 000 personnes (6 % de l’ensemble de la population rurale du Ghana) d’avoir accès à l’eau salubre et aux services d’assainissement.

Principales réalisations :
À présent, 2 014 communautés utilisent et gèrent des systèmes d'eau et d'assainissement qu'elles ont elles-mêmes planifiés et aidé à mettre en place. Au total, 3 000 comités d'eau et d'assainissement et 41 offices des eaux ont été constitués et formés aux divers aspects de la gestion communautaire de systèmes de ce type. Une formation a été fournie dans leur domaine respectif aux artisans qui construisent les latrines, aux mécaniciens en activité dans les zones concernées et aux personnes chargées de l'entretien des pompes. Sur 138 districts au total, 42 ont en cours des programmes d'eau et d'assainissement. Une Agence communautaire de l'eau et de l'assainissement gère le programme à l'échelon national. Elle fournit un appui aux petites et moyennes entreprises et entreprend en outre un effort de promotion des pratiques d'hygiène (en 2001, par exemple, elle s'est associée à l'initiative menée au plan mondial pour le lavage des mains).
La phase suivante du projet a été conçue de manière à ce que la mise en place de points d'eau communautaires se fasse dans le cadre du Projet de développement rural communautaire, projet de portée multisectorielle financé par l'IDA, la mise en place d'ouvrages de canalisation dans les petites agglomérations étant assurée au titre du Projet d'alimentation en eau et d'assainissement des petites localités.
 Il convient de mettre l'accent sur le renforcement des systèmes de gestion financière et des mécanismes de contrôle nécessaires pour assurer une réallocation rapide des fonds par les districts.
 Il y a lieu d'adapter les capacités du secteur privé pour permettre aux petites et moyennes entreprises actives dans le secteur de l'eau de s'acquitter comme il faut des projets commerciaux générés par la demande locale.
 Pour faire un effort effectif de promotion en matière d'assainissement, on doit se donner pour but de fournir des latrines d'un coût moindre (en ayant par exemple recours aux matériaux d'origine locale) et de concevoir des initiatives sanitaires mettant l'accent sur une effort soutenu de marketing à l'échelon communautaire.

jeudi 14 janvier 2010

L’aide publique au développement est-elle efficace ?

Par Chérif Salif SY, Secrétaire général de l’association Sénégalaise des Économistes (ASE)

Une chose est certaine, les pays sous-développés ont toujours accepté l'aide publique extérieure et continuent de la réclamer depuis sa première formulation à la première conférence de la CNUCED, en 1964. Mais le débat sur sa nécessité, sa neutralité, son efficacité est encore en cours.
Du côté des Nations unies, on peut noter que le lancement des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) après la décennie du développement des années 1990 est la preuve de l'inefficacité de l'aide. Au surplus, on n'y parle plus de filets de sécurité comme au moment des programmes d'ajustement structurel, mais surtout de "réduire de moitié l'extrême pauvreté". C'est sans commentaire. Aujourd'hui, le discours dominant parle d'une nouvelle APD technique, en faveur des marchés pour la protection des "biens publics mondiaux". La question est de savoir à ce moment, si une aide publique au développement peut-être "apolitique". Ma réponse est non.

Je pense alors qu'il faut que les Africains mettent de plus en plus l'accent sur leurs ressources internes et la fiscalité. Voyez par exemple, sur les quinze dernières années, les transferts des émigrés africains ont été multipliés par six alors que l'aide publique au développement n'a pas varié. En matière de croissance économique, le continent n'a pas de leçons à apprendre du monde occidental. Entre 1991 et 2009 en tenant compte de l'impact de la crise financière de 2008, l'Afrique, avec une moyenne de croissance économique de 5,09 %, est largement au-dessus de la moyenne mondiale pour la même période, qui est de 3,35 % contre 1,65 % pour les pays industrialisés.
Regardons donc vers l'Afrique et nous verrons qu'il existe plusieurs raisons d'espérer. La région a été, en 2009, selon Mc Kinsey & Co, la troisième contributrice a la croissance mondiale après la Chine et l'Inde. L'inflation a diminué de moitié depuis les années 1990, les réserves de change ont cru de 30%, les finances publiques ont enregistré un excédent de 2,8 % du PIB en 2008, comparé à un déficit de 1,4 % entre 2000 et 2005, et le taux d'épargne est estimé entre 10 et 20%.
En dépit du discours misérabiliste que l'on se plaît à entonner à l'envie sur l'Afrique, voilà tout de même autant de raisons de penser que quelque chose de bien est en train de se passer en Afrique. Quelque chose riche d'enseignements et qu'il faut consolider même si la gouvernance dans presque tous les pays reste un grave problème qui mène à une impasse.
Malgré des difficultés persistantes pour certains pays, les perspectives sont donc plus favorables pour la plupart des pays qu'elles ne l'avaient été depuis longtemps. Plusieurs facteurs sous-tendent ce redressement et pas uniquement l'augmentation de l'aide, portée surtout par des allégements de dette ; l'environnement macro-économique est l'amélioré et stabilisé; la croissance, de façon générale, a été dopée par la mise en exploitation de nouveaux gisements pétroliers en Afrique australe et centrale, mais elle concerne aussi les pays qui ne produisent pas de pétrole.
Comment dans ce contexte faire en sorte que cette croissance profite à tous? Comment assurer par exemple le plein emploi? En provocant et en soutenant cette expansion par une politique d'industrialisation et de développent des exportations de produits manufacturés; d'aide aux investissements privés; de relance de la consommation et surtout de maintient des investissements publics.

Source : Le Monde

1001 Fontaines pour demain !

Près d’un milliard et demi de personnes n’ont pas accès à l’eau potable dont plus de 900 millions en environnement rural. Si réduire ce nombre de moitié d’ici 2015 fait partie des Objectifs du Millénaire et mobilise ainsi de nombreux moyens de la communauté internationale (voir : l'OMS et l'UNICEF et l'accès à l’eau potable), trop de gens encore n'ont d'autre possibilité que de boire « l’eau de la mare ».
Sans attendre un avenir meilleur, « 1001 fontaines pour demain » propose une solution simple permettant aux petites communautés isolées de produire au minimum leur eau de boisson en potabilisant par eux-mêmes la ressource à portée de main, le plus souvent l’eau de surface.
Avec environ 2 litres par personne et par jour, on limite significativement les maladies d’origine hydrique dont ces populations souffrent et qui sont, en particulier, responsables d’un taux de mortalité infantile proche de 20%.
« 1001 fontaines pour demain » a vu le jour début 2004, et, après avoir mené ces premiers projets dans trois villages du Nord-Ouest du Cambodge en 2005 dont les résultats ont été probants, ils ont déployé leur solution dans huit nouveaux villages pour une population de bénéficiaires de plus de 10.000 personnes. En 2008 et 2009 de nouvelles « fontaines » ont été installées au Cambodge et un projet pilote a démarré à Madagascar.


mercredi 13 janvier 2010

Microcrédit, miracle ou désastre ? par Esther Duflo

Le microcrédit est, sans aucun doute, l'innovation qui a fait le plus parler d'elle dans la lutte contre la pauvreté. Il y a un peu plus de trente ans, Mohammed Yunus consentait ses premiers prêts à un groupe de femmes du Bangladesh. Il y a aujourd'hui plus de 150 millions de micro-emprunteurs à travers le monde. Le programme a essaimé jusqu'aux Etats-Unis et en France. La grande majorité de ces clients n'avaient auparavant aucun accès au crédit bancaire et étaient contraints d'avoir recours aux usuriers de village, qui pratiquent des taux faramineux (en Inde, les vendeurs de légumes qui empruntent à la journée paient jusqu'à 5 % par jour, et dans les villages, des taux de 20 % par mois ne sont pas rares).
Or, presque tous doivent bien, un jour ou l'autre, avoir recours au crédit : en effet, les pauvres vivent dangereusement... Ils sont très souvent à leur compte : au Pérou, 69 % des ménages urbains les plus pauvres ont leur propre entreprise. En Inde, au Pakistan, au Nicaragua, cette proportion se situe entre 47 % et 52 % (dans les pays de l'OCDE, la proportion d'entrepreneurs n'est que de 12 %). Dans les régions rurales, la part des ménages à leur compte est encore plus importante. Le moindre choc (une mauvaise récolte, une maladie, un vol...) les laisse extrêmement vulnérables. Les filets de sécurité auxquels nous sommes habitués, Sécurité sociale, retraite et même la possibilité de déposer le bilan, n'existent pas. Epargner est difficile et dangereux : les banques ne veulent pas gérer des petites sommes et les économies laissées sous le matelas disparaissent facilement.
C'est pourquoi rares sont les pauvres qui n'ont aucune dette. Au Pakistan, 93 % des ménages les plus pauvres sont endettés, souvent à la suite d'un choc, parfois pour financer leur activité ; au Rajasthan, ils sont plus de deux tiers et en Afrique du Sud, un tiers. Alors que ces ménages avaient auparavant forcément recours à l'usurier local ou au propriétaire terrien, ils ont aujourd'hui la possibilité d'emprunter à des institutions de microfinance. Les taux d'intérêt, bien qu'élevés si nous les comparons à ceux qui sont pratiqués dans les pays développés (de 20 % à plus de 100 % par an selon les pays), sont nettement plus faibles que ceux auxquels ils étaient habitués.
Cela représente une réussite importante, dans des pays où les services à l'intention des plus pauvres, privés ou publics, brillent par leur absence. Les essais des décennies antérieures pour distribuer des crédits subventionnés par l'intermédiaire des banques nationales se sont écroulés, sous le poids des non-remboursements et de la corruption. Les institutions de microcrédits sont dirigées par des entrepreneurs qui maîtrisent parfaitement la distribution d'un service de qualité à très grande échelle : par leur dynamisme et leur capacité d'innovation, ils ont réussi là où des tentatives bien mieux financées et soutenues par des gouvernements locaux ou étrangers avaient échoué.
Mais beaucoup voient dans le microcrédit bien plus qu'un simple instrument financier. Pour eux, le microcrédit devrait favoriser une transformation en profondeur de la vie des plus pauvres. Donner cet outil financier à des familles - et souvent à des femmes, ce qui est sans doute encore plus important - leur assurerait non seulement un moyen de vivre mais une dignité, les conduirait à investir plus pour leur santé ou l'éducation et à réduire la discrimination contre les femmes et les petites filles. Certains sont allés jusqu'à suggérer qu'en accordant aux femmes l'accès à un capital, le microcrédit permettrait de lutter contre le sida...
La vision du monde de Mohammed Yunus est profondément optimiste : selon lui, chacun de nous est un entrepreneur en puissance et la seule chose séparant une femme pauvre du Bangladesh d'un directeur d'entreprise serait l'accès au capital (et peut-être à un téléphone pour savoir où vendre ses produits !). La lutte contre la pauvreté n'a pas besoin de charité : il suffit de créer les bonnes opportunités que les pauvres sauront saisir pour faire croître leur entreprise et rembourser emprunts et intérêts. Ce message est très séduisant : il semble dévoiler les clefs d'une richesse humaine cachée qu'un produit financier bien fait débloquerait. Il rejoint les conclusions de l'économiste péruvien Hernando de Soto, pour qui la barrière fondamentale à la réussite des plus pauvres est l'absence de droits de propriété sur leur maison et leurs terrains, les empêchant de capitaliser sur leur richesse. Il trouve un écho important chez les sceptiques de l'aide et du rôle des gouvernements : la clé de la fin de la pauvreté reste le marché.
Cet enthousiasme n'est pas sans susciter des retours de bâton. Certains sont sceptiques, voire hostiles. Ils considèrent les banquiers du microcrédit comme de nouveaux usuriers qui exploitent l'incapacité des plus pauvres à résister à la tentation de l'emprunt ; ils soulignent que les taux d'intérêt, souvent présentés de manière obscure, restent très élevés par rapport à ce que paient les plus riches. Ces critiques attribuent même au microcrédit les suicides de paysans surendettés, soumis à une pression indue exercée par les agents de prêts. En effet, ceux-ci, rémunérés en fonction du nombre de clients et de leur taux de remboursement, sont incités à pousser à l'emprunt d'abord, et à forcer au remboursement par tous les moyens ensuite.
Ces derniers temps, cette vision négative a gagné du terrain : on la voit s'exprimer dans de nombreux blogs et articles de presse, qui vont jusqu'à accuser le microcrédit de ruiner les économies locales. Le fait que le microcrédit soit souvent présenté comme l'alternative aux programmes de redistribution traditionnels et les profits importants réalisés par certaines des institutions ne sont certainement pas étrangers à ces critiques.
Le microcrédit, miracle ou désastre ? Malheureusement, en dépit de l'importance du débat, il n'y avait pas jusqu'à récemment d'étude rigoureuse de part ou d'autre. Partisans et adversaires se battaient à coup d'anecdotes ou d'études difficiles à interpréter, parce qu'elles comparaient des pommes et des oranges (c'est-à-dire des emprunteurs et des non-emprunteurs). Chaque camp avait beau jeu de critiquer les données imparfaites des autres.
Mais cela est en train de changer grâce au courage et à la vision de certaines institutions particulièrement novatrices : Spandana en Inde, Al Amana au Maroc, First Macro Bank aux Philippines, Compartamos au Mexique ont permis à des chercheurs (dont j'ai eu la chance de faire partie) d'évaluer rigoureusement l'impact de leurs programmes dans le cadre d'expérimentations : des personnes similaires en tous points, mais dont certaines ont eu la possibilité d'emprunter et d'autres non, sont comparées. Nous avons aujourd'hui les résultats des évaluations réalisées aux Philippines et en Inde.
Ces deux programmes sont très différents. Aux Philippines, First Macro Bank propose des emprunts à des entreprises qui existent déjà, sur une base individuelle. En Inde, Spandana utilise le modèle canonique de la Banque Grameen (l'institution créée par Mohammed Yunus): un petit emprunt solidaire, réservé à des femmes. Pourtant, les résultats concordent : dans les deux pays, les emprunteurs acquièrent plus de biens durables (télévision, réfrigérateur, etc.) pour leur foyer. Ceux qui ont une petite entreprise investissent dans celle-ci : ils acquièrent des actifs productifs (bicyclette, machine à coudre) ou augmentent leurs stocks. En Inde, un emprunt sur huit conduit à la création d'une nouvelle activité indépendante (aux Philippines, tous les emprunteurs avaient déjà une entreprise).
Ces études semblent donc nous dire que le microcrédit rend exactement les services attendus d'un bon produit financier : il permet à ses clients d'effectuer des achats importants, pour leur activité ou pour leur ménage, qu'ils n'auraient pas pu engager autrement.
Mais, dix-huit mois plus tard, on ne constate aucun signe d'une transformation profonde de la vie de ces familles : ni l'une ni l'autre de ces études ne démontre d'impact sur la santé, la scolarisation ou le pouvoir de décision des femmes. En revanche, contrairement aux prédictions pessimistes des sceptiques de la microfinance, on ne constate aucune frénésie de consommation irresponsable provoquée par l'argent facile : au contraire, en Inde, les familles abandonnent certaines des petites tentations de la vie courante (thé, snacks, noix de bétel, tabac) pour rembourser l'emprunt qui leur a permis d'acheter des biens durables.
Il ne s'agit bien sûr que d'effets à court terme. L'impact dans trois ans ou plus sera peut-être tout à fait différent. Les revenus supplémentaires de l'activité financeront-ils la scolarisation des enfants ? Ou bien le poids des remboursements hebdomadaires se fera-t-il sentir davantage ? Les données sont en cours de collecte.
Le monde rêve d'une recette miracle contre la pauvreté et le microcrédit était un candidat tout à fait plausible. Ces études suggèrent qu'il est temps de revenir à une description plus nuancée de ses avantages possibles. Mais reprocher au microcrédit d'être inutile ou dangereux parce qu'il ne se révèle pas être cette recette miracle n'a pas grand sens.
Laisser de côté le discours polémique a aussi l'avantage de nous inciter à dépasser un débat binaire pour remettre en question le modèle canonique du microcrédit et nous demander comment il pourrait encore mieux servir ses emprunteurs. Une des limites du microcrédit est qu'il finance essentiellement des activités à toute petite échelle, de très faible croissance, bien éloignées de l'image d'Epinal d'un Bill Gates démarrant Microsoft dans son garage : dans les rues des villes d'Inde, d'Indonésie ou du Bangladesh, on voit d'innombrables petites épiceries, vendant toute la même chose, dont les bénéfices suffisent à peine à payer un salaire minimal à leur propriétaire, en dépit des dix à douze heures de travail quotidien. Ces micro-entreprises ont beaucoup de mal à passer à la vitesse supérieure : plus de 90 % des entreprises des clients de Spandana que nous avons étudiées n'ont pas d'employé ; aucune n'en a plus de trois. Dans quelle mesure la structure même du microcrédit contribue-t-elle à cet état de chose ?
Un premier aspect est la responsabilité solidaire, marque de fabrique du microcrédit. Elle décourage la prise de risque, car les autres femmes du groupe ne veulent pas prendre le risque de devoir rembourser en cas d'échec, alors qu'en cas de succès, elles n'empocheront pas les gains supplémentaires : elles auront donc tendance à empêcher les autres membres de se lancer dans des activités risquées, mais plus rentables. Or une étude récente aux Philippines montre que le prêt solidaire n'est pas essentiel au bon remboursement : les taux de remboursements sont tout aussi élevés dans les succursales traditionnelles que dans celles où les clientes sont seulement responsables de leur propre emprunt.
Le remboursement hebdomadaire et immédiat, autre pierre angulaire du microcrédit, a lui aussi ses limites. Au Bengale-Occidental, l'organisation Village Welfare Society a permis à certaines clientes de ne commencer à rembourser que quelques semaines après avoir perçu l'argent du prêt. Cela leur a permis de faire des investissements plus ambitieux et plus rentables : par exemple, celles qui voulaient se lancer dans la vente de vêtements ont acheté une machine à coudre plutôt qu'un stock de saris à revendre. Ce niveau de risque plus élevé a, bien sûr, conduit à plus d'échecs et donc à plus de non-remboursement.
Ainsi paradoxalement, le microcrédit, par ses règles actuelles, est plus adapté à financer des activités familiales qui vivotent que de véritables entreprises créant des emplois. Mais le mouvement est en train de se renouveler : certaines institutions de microcrédit (dont Grameen Bank,) ont discrètement abandonné le prêt solidaire. Elles continuent à demander à leurs clientes de se rencontrer chaque semaine, ces réunions créant des liens sociaux forts, facilitant l'entraide en cas de crise. Mais elles ne sanctionnent plus une cliente lorsqu'un membre du groupe ne rembourse pas. Par ailleurs, des organismes comme Accion aident les institutions de microfinance à proposer à leurs meilleurs clients des produits individuels, adaptés au financement d'entreprises un peu plus importantes. D'autres groupes proposent des formations en comptabilité ou en gestion à leurs clients.
Mais le financement n'est pas la seule barrière à la croissance des micro-entreprises. Dans de nombreux cas, les clients de la microfinance sont entrepreneurs faute de mieux. A la suite de la crise asiatique par exemple, le nombre d'entreprises familiales a explosé en Thaïlande. Mais contrairement aux périodes antérieures, ces entreprises n'ont pas prospéré. Leurs propriétaires les ont abandonnées dès que la situation économique s'est améliorée et qu'ils ont pu retrouver un emploi salarié. Ces entrepreneurs forcés rêvent, pour eux et pour leurs enfants, d'un emploi stable, qui semble, lui, enclencher une vraie dynamique de transformation : sa sécurité permet d'investir dans la scolarisation des enfants, la santé ou une maison plus accueillante.
Cela ne remet bien évidemment pas en cause l'utilité du microcrédit, puisque ces emplois stables n'existent pas ou pas en assez grand nombre. Une activité, même modeste, constitue déjà un revenu essentiel. Toutefois la vision romantique d'un milliard d'entrepreneurs aux pieds nus est probablement une illusion. Savoir distinguer ceux de leurs clients qui ont réellement le goût du risque et de l'entreprise de ceux qui y sont contraints, et offrir à chacun des services adaptés est le nouveau défi de la microfinance. Parallèlement, le développement d'un vrai secteur salarial (industriel ou de service) doit rester une priorité pour une politique économique dans les pays pauvres.

Esther Duflo est économiste, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et cofondatrice de la chaire Abdul LatifJameel Poverty Action Lab (J-PAL) sur la réduction de la pauvreté et le développement, elle a été, en 2009, titulaire de la chaire Savoirs contre pauvreté au Collège de France. Elle vient de publier "Le Développement humain" et "La Politique de l'autonomie" (Seuil-La République des idées, 11,50 € chaque volume).


Tribune publiée ce jour dans Le Monde

mardi 12 janvier 2010

2010, année européenne de lutte contre la pauvreté

En 2000, les dirigeants européens s'étaient donné dix ans pour éradiquer la pauvreté dans l'Union européenne. Aujourd'hui, à mesure que l'échéance approche, force est de constater que cet objectif est loin d'être atteint.
Le fléau de la pauvreté ne frappe pas seulement les pays en développement. C'est un phénomène complexe, aux causes multiples, qui n'épargne pas les sociétés européennes et prive une frange de la population de conditions de vie décentes.
Au sein de l'UE, les personnes disposant d'un revenu inférieur à 60 % du revenu médian national sont considérées comme pauvres. Selon ce critère, environ 80 millions d'Européens — soit plus de 15 % de la population — vivent en deçà du seuil de pauvreté. Un Européen sur dix vit au sein d'un ménage où personne ne travaille. Pour 8 % des Européens, avoir un emploi ne suffit pas pour sortir de la pauvreté.
L'heure n'est toutefois pas au découragement. L'UE a placé l'année 2010 sous le signe de la solidarité, une valeur fondamentale pour l'Europe. De nombreuses activités et initiatives sont prévues tout au long de cette «Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale». Ainsi, une réunion rassemblant des personnes démunies venues de toute l'Europe sera organisée en mai prochain, suivie d'une table ronde en octobre. En outre, chaque pays de l'Union présentera un programme répondant à sa situation spécifique.
En finir avec la pauvreté était l'un des principaux objectifs de la stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi, adoptée par les États membres en 2000. Cette campagne européenne vise à donner un nouvel élan à la lutte contre la pauvreté et à faire de cet ambitieux projet une réalité.

source euronews

mercredi 6 janvier 2010

Le Sud face à la crise

La crise n’a pas de frontières. Cantonnée dans un premier temps aux pays riches (Etats-Unis et Europe en tête), elle s’est rapidement répandue tel un virus aux pays en développement (PED). Dominant les débats au début du séisme financier, l’hypothèse d’un « découplage » entre économies du Nord et du Sud n’est donc désormais plus d’actualité. Cela n’a d’ailleurs rien d’étonnant : les vagues successives de libéralisation financière et commerciale liées au processus de globalisation ont rendu les économies en développement fortement vulnérables aux chocs externes.
Certes, la crise ne frappe pas l’ensemble des PED avec la même intensité. Pour ceux qui disposent d’excédents commerciaux élevés grâce à leurs exportations, la récession est plus facile à affronter. C’est surtout le cas des économies émergentes telles que la Chine, l’Inde, le Brésil ou encore l’Indonésie. Par contre, pour les pays à faible revenu, la pilule de la crise est nettement plus amère. En effet, dans le cas de l’Afrique sub-saharienne, les Nations-Unies déplorent qu’en raison de la récession actuelle : « la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement d’ici à 2015 est devenue pour ainsi dire impossible ».
Néanmoins, si elle les affecte de façon différenciée, la crise emprunte des canaux similaires pour s’étendre aux pays en développement. La première courroie de transmission est l’effondrement des échanges commerciaux. En effet, l’éclatement de la récession dans les pays industrialisés a provoqué un effondrement de leur taux de consommation qui, par voie de conséquence, s’est traduite par une chute des revenus d’exportation des PED. Les économies émergentes, par exemple, ont été particulièrement touchées par la baisse de la demande globale de biens de consommation durable et de biens d’équipement. Dépendant de leurs exportations de matières premières, les pays les plus pauvres ont été, quant à eux, durement affectés par l’effondrement du prix de ces dernières. Le deuxième canal de propagation de la crise vers les PED est le tarissement des flux financiers. Après avoir atteint un niveau record de 1029 milliards de dollars en 2007, les entrées de capitaux privés devraient en effet tomber à 363 milliards de dollars en 2009. En cause : la décision des investisseurs étrangers (banques, fonds de pension, fonds spéculatifs, etc.) de revendre une partie de leurs actifs pour éponger leurs pertes gigantesques liées à la crise des subprimes.
L’année 2009 a donc été particulièrement difficile pour les PED. En annonçant les prémices d’une reprise dès 2010, les organisations internationales se veulent néanmoins rassurantes. Ainsi, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de l’économie mondiale de 3,1% en 2010, après un recul de 1,1% du PIB mondial en 2009.
Pourtant, la perspective d’un rebond économique doit être sérieusement mise en question pour trois raisons principales. Tout d’abord, sur le plan bancaire, malgré des profits substantiels enregistrés ces derniers mois, les banques regorgent encore de produits toxiques qui plombent leurs bilans et rendent incertain la reprise du crédit. En effet, ces dernières n’ont comptabilisé pour l’instant que 40% des pertes qu’elles devront finir par prendre en compte. Deuxièmement, sur le plan commercial, bien que la Chine et l’Asie émergente enregistrent actuellement une reprise, leur poids économique n’est pas suffisant pour tirer seul l’économie mondiale. En outre, il y a lieu de s’interroger sur la capacité des pays riches – plombés par l’endettement – à absorber les exportations asiatiques avec autant d’entrain qu’avant la crise. Enfin, même si la reprise devait s’installer en 2010, elle finirait par déboucher tôt ou tard sur de nouvelles crises systémiques. En effet, compte tenu de l’absence de mesure ambitieuse pour re-réguler les marchés financiers, rien n’empêche aujourd’hui les banques de s’engager dans les mêmes opérations risquées qui ont conduit à la crise actuelle. Il semble d’ailleurs que les injections massives de milliards de dollars effectuées par les Etats et les banques centrales pour sauver le secteur financier aient déjà conduit à l’émergence de nouvelles bulles spéculatives. En effet, depuis le second semestre 2009, les cours ont flambé de façon concomitante sur les marchés boursiers (en particulier en Asie), obligataires (notamment sur les emprunts d’Etat) et des matières premières (y compris les produits agricoles). Il s’agit bien de spéculation car ces hausses sont déconnectées de la réalité économique. Ces bulles finiront donc probablement par éclater, avec tous les dégâts sociaux et économiques qu’une telle issue implique.

Reprise ou pas, le système financier ne peut pas se passer d’une refonte en profondeur, au risque de s’effondrer encore plus violemment. Les mesures entérinées par les leaders du G20 sont cependant bien trop timides pour garantir une sortie de crise écologiquement soutenable et socialement équitable. En outre, les pays les plus pauvres ont à nouveau été largement oubliés par les leaders mondiaux. Ils sont pourtant les premières victimes d’une crise dont ils ne sont pas à l’origine. Pour leur assurer les moyens de sortir de la récession et de financer leur développement, les cinq champs d’action suivants devraient être envisagés à court et moyen terme :
- Augmenter l’aide non créatrice de dettes, ce qui implique que les pays donateurs maintiennent leur engagement de consacrer 0,7% de leur RNB d’ici 2015 à l’aide publique au développement ;
- Annuler la dette des pays en développement ;
- Instaurer une taxe sur les transactions financières pour financer le développement ;
- Enrayer la spéculation sur les marchés agricoles ;
- Lutter contre la fuite de capitaux.

source : CNCD

lundi 4 janvier 2010

Développer l'accès à l'eau par le dessalement


On le sait, l'accès à l'eau est la cheville ouvrière des OMD. Pour les pays du sud, souvent aride, le développement de cet accès passe souvent par des solutions de dessalement de l'eau de mer, massivement implantées dans les pays du Moyen-Orient... reste que de petites communautés n'ont pas toujours les moyens de s'offrir ces infrastructures. Une mini-station de dessalement vient d'être développée à leur attention par une entreprise suisse.
L’appareil, qui tient dans un coffre de voiture, pourrait faciliter l’accès à l’eau potable. «Actuellement, des populations entières sont déplacées lorsque leurs puits subissent des infiltrations de sel, explique Renaud de Watteville, cofondateur de la société Swiss Fresh Water. Quelque 87 millions de personnes n’ont pas accès à une eau potable de qualité et vivent pourtant en bord de mer mais loin de centres urbains.» Grâce à sa rencontre avec l’ingénieur EPFL Jean-François Treyvaud, Renaud de Watteville, pilote d’avion de formation, a développé en 2005 un appareil de dessalement novateur. Fonctionnant grâce à un procédé d’osmose inverse, c'est à dire de pressurisation du liquide contre une membrane retenant le sel et les impuretés (comme les « vraies » usines de dessalement), celui-ci vient de recevoir le prix «Coup de pouce» de la Fondation René Liechti.

Source : Le Temps

dimanche 3 janvier 2010

La Banque mondiale débloque 1,3 milliards de dollars pour les pays pauvres

La Banque mondiale a annoncé avoir débloqué 1,3 milliard de dollars supplémentaires pour aider les pays les plus pauvres conformément à une demande des pays du Groupe des Vingt (G20).
Cette allocation vient renforcer les ressources de l'Association internationale de développement (AID), institution de la Banque chargée d'aider les pays les moins avancés.
Ces fonds seront disponibles jusqu'au mois de juin 2011, indique la BM dans un communiqué.
Ils permettront à l'AID d'apporter "un soutien financier supplémentaire pour adoucir les effets de la crise sur les pays pauvres", ajoute le texte.
Lors de leur sommet de Pittsburgh (Etats-Unis) fin septembre, les pays avancés et émergents du G20 s'étaient engagés à ne pas oublier les pays les plus pauvres.
Sans rien annoncer cependant de nature à les aider, ils s'étaient reposés sur la Banque mondiale en lui demandant de débloquer de nouvelles ressources "au profit des pays à faible revenu".

Source AFP

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