mercredi 17 juin 2009

L'Education pour tous ne sera pas atteinte en Afrique subsaharienne


Le rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous (EPT) 2009 est fin prêt. Il a été rendu public début juin à Dakar, en marge de l'ouverture du forum national sur les innovations éducatives. L'essentiel de ce salon sur l'éducation qui réunit les acteurs du secteur, l'Etat, le privé, les Ong et les collectivités locales autour du thème central : ‘Les approches alternatives, quelle contribution pour l'éducation de qualité pour tous ?’, est de réussir le pari de l'Ept d'ici l'échéance 2015. Mais, il faudra, pour ce faire, redoubler d’efforts. Selon Yao Ydo de l'Unesco-Breda dans sa présentation du présent rapport, l'Afrique subsaharienne n'atteindra pas les objectifs fixés en 2000 à Dakar par la communauté internationale au sujet de l'Ept, pour plusieurs raisons. Les progrès accomplis en ce sens sont compromis par l'inaction des gouvernements face aux inégalités persistantes fondées sur le revenu, le sexe, le lieu de résidence, l'appartenance ethnique, la langue, le handicap et autres. Selon le rapport mondial de suivi sur l'Ept, si elle poursuit la même trajectoire, l'Afrique subsaharienne n'atteindra pas les objectifs de Dakar. Et à moins que les gouvernements n'agissent pour réduire les disparités par des réformes effectives, la promesse de l'Ept ne sera pas tenue. En effet, en 2000 à Dakar, la communauté internationale s'était fixé au moins six objectifs qu'il fallait atteindre avant 2015 pour prétendre à une Education pour tous (Ept) dans le monde. Il s'agit, entre autres, de la protection et de l'éducation de la petite enfance, de l'enseignement primaire universel, de répondre aux besoins d'apprentissage tout au long de la vie des jeunes et des adultes, de l'alphabétisation des adultes, du genre, et enfin de la qualité.

Face aux nombreux manquements qui se présentent comme des défis pour l'Afrique subsaharienne, des recommandations ont été proposées pour l'atteinte des objectifs de l'Ept d'ici à 2015. C'est ainsi qu'au plan de la protection et de l'éducation de la petite enfance, l'idée d’en faire la priorité dans la planification pour tous les enfants, en prévoyant des incitations pour inclure les enfants vulnérables et défavorisés, a été émise. Mais, aussi, de renforcer les engagements généraux de lutte contre la pauvreté, en combattant la malnutrition des enfants et en améliorant les systèmes de santé publique, à l'aide de programmes novateurs de protection sociale qui ciblent les ménages pauvres et de versement en espèces aux mêmes ménages afin d'accélérer les progrès vers la réalisation de l'enseignement primaire universel (Epu). Là-dessus, d'ailleurs, l'Unesco préconise, en plus d'encourager l'équité en faveur des filles, des groupes défavorisés et des régions désavantagées en enseignants, de fixer des objectifs à long terme ambitieux. Lesquels doivent être appuyés par une planification réaliste et des crédits budgétaires à moyen et long termes suffisants pour garantir des progrès en matière d'accès, de participation et d'achèvement du cycle primaire.

Plus de 27 millions d'enseignants travaillent dans les écoles primaires du monde, dont 80 % dans les pays en développement. Le corps enseignant total du primaire a augmenté de 5 % entre 1999 et 2006. Il n'empêche qu'une pénurie d'enseignants demeurera à l'ordre du jour dans les sept prochaines années. Rien qu'en Afrique subsaharienne, il faudra créer 1,6 million de nouveaux postes d'enseignants et recruter autant d'enseignants d'ici à 2015 pour réaliser l'Epu, ce chiffre se montant à 3,8 millions si l'on tient compte des départs à la retraite, des démissions et des pertes (dues au Vih/sida, par exemple).

Toutefois, l'envers de la situation, selon l'Unesco, est que ces enseignants constituent parfois un frein à la promotion du genre dans l'éducation. Le rapport fait constater qu'une fois que les filles sont scolarisées, leurs progrès sont souvent entravés par les attitudes des enseignants. S'y ajoute que les parti-pris des manuels renforcent les stéréotypes sexistes. Ces facteurs scolaires interagissent avec les facteurs sociaux et économiques plus généraux qui influencent les performances scolaires selon le sexe, d'après le même rapport.

La pauvreté et les autres formes de désavantage social amplifient les disparités entre les sexes. Au Mali, signale le rapport, les filles des ménages pauvres ont 4 fois moins de chances de fréquenter l'école primaire que celles des ménages riches. De la même manière, elles ont 8 fois moins de chances d'être scolarisées dans le secondaire.

Selon le rapport mondial de suivi sur l'Ept, l'éducation et la protection de la petite enfance restent négligées en Afrique subsaharienne. Il révèle des lenteurs dans les stratégies de lutte contre la malnutrition et la mauvaise santé des enfants en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud qui compromettent les progrès vers l'enseignement primaire universel (Epu). A ce niveau, la même source retient que les cibles de développement fixées dans les objectifs du millénaire pour le développement relatives à la mortalité infantile et la nutrition des enfants seront loin d'être atteintes, si les tendance actuelles persistent. Le rapport souligne par ailleurs des disparités mondiales majeures qui subsistent entre les enfants les plus riches et les plus pauvres. C'est ainsi qu'en 2006, les taux bruts de scolarisation (Tbs) dans l'enseignement pré-primaire étaient en moyenne de 79 % dans les pays développés et de 36 % dans les pays en développement, tombant à 14 % en Afrique subsaharienne.

Malgré les insuffisances relevées dans le rapport mondial de suivi sur l'Ept 2009, il reste que l'Afrique subsaharienne est parvenue à porter son taux net moyen de scolarisation (Tns) de 54 à 70 % entre 1999 et 2006, soit une progression annuelle six fois plus forte que durant la décennie qui a précédé Dakar, en 2000. Seulement, à ce niveau, les prévisions du rapport laissent sceptiques plus d'un. En 2006, quelque 75 millions d'enfants, dont 55 % de filles, n'étaient pas scolarisés, dont près de la moitié en Afrique subsaharienne. Sur la base des tendances actuelles, souligne le rapport, des millions d'enfants ne seront toujours pas scolarisés en 2015.

Selon la même source, les projections établies pour 134 pays comptant environ les deux tiers des enfants non scolarisés en 2006, semblent indiquer que rien que dans ces pays, environ 29 millions d'enfants ne seront pas scolarisés en 2015. Alors que les enfants de 20 % des ménages les plus riches sont déjà tous scolarisés dans le primaire dans la plupart des pays, ceux de 20 % des ménages les plus pauvres ont encore beaucoup de chemin à faire. S'y ajoute qu’en 2006, malgré les efforts consentis dans ce domaine en Afrique subsaharienne, 75 % des enfants en âge de fréquenter l'école secondaire ne sont pas parvenus à ce niveau.

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