jeudi 11 juin 2009

Deux rapports inquiétants sur le changement climatique

Le réchauffement climatique n'est plus une menace virtuelle, mais une réalité d'ores et déjà responsable de 300 000 morts par an - l'équivalent du tsunami de 2004, selon les conclusions du rapport rendu public vendredi 29 mai par le Forum humanitaire mondial, la fondation présidée par l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan. Ce rapport, intitulé "L'impact humain du changement climatique - anatomie d'une crise silencieuse", se veut le premier travail de synthèse sur un sujet jusqu'à présent davantage abordé de manière prospective, à l'image des prévisions de l'ONU annonçant 250 millions de réfugiés climatiques à l'horizon 2050. Alors que les négociations internationales sur le climat reprennent la semaine prochaine à Bonn (Allemagne), ses conclusions chargent d'un poids supplémentaire les épaules des gouvernements, responsables de parvenir d'ici au sommet de Copenhague, en décembre, à un accord permettant de réduire de manière drastique les émissions de gaz carbonique dans l'atmosphère.

"Nous sommes à un moment crucial. Les négociateurs ne peuvent ignorer l'impact actuel du changement climatique. La responsabilité des pays à Copenhague n'est pas seulement de contenir une menace future très sérieuse mais aussi de répondre à une crise contemporaine majeure", estime Kofi Annan. L'élévation des températures agit notamment sur les rendements agricoles, l'accès à l'eau et, en conséquence, sur la pauvreté, dont le niveau est étroitement lié à la qualité du milieu naturel dans les pays les moins développés. Selon le rapport, 325 millions de personnes sont chaque année affectées par la dégradation sévère de leur environnement ou les catastrophes climatiques plus fréquentes, comme les inondations ou les cyclones. La très grande majorité d'entre elles vivent dans les pays les plus pauvres. Il évalue à 125 milliards de dollars (90 milliards d'euros) les pertes économiques qui en découlent.

Tous ces chiffres pourraient être multipliés par deux au cours des vingt prochaines années, selon les auteurs, qui voient dans cette évolution les germes de la plus grave crise humanitaire jamais connue.

Les conséquences les plus marquées du changement climatique se lisent sur la malnutrition, puisque la moitié des 300 000 décès annuels qui lui sont imputés sont des victimes de la faim. Vient ensuite la santé, le réchauffement apparaissant comme le vecteur d'une diffusion plus large de certaines maladies. Dix millions de nouveaux cas de malaria et environ 55 000 morts ont ainsi été identifiés. Les pays pauvres - et là le rapport ne fait que reprendre un constat déjà établi - sont aussi les plus exposés. Du Sahara au Moyen-Orient, jusqu'à l'Asie centrale et à certaines régions d'Asie du Sud-Est, ils forment cette ceinture semi-aride où les sécheresses récurrentes et la désertification sont déjà à l'oeuvre. Somalie, Burundi, Yémen, Niger, Erythrée, Afghanistan, Ethiopie, Tchad, Rwanda et Comores sont à la fois les pays les plus vulnérables au réchauffement et ceux qui ont la plus faible capacité financière pour y répondre.

Par ailleurs, le changement climatique a un impact important sur l'émergence et la réémergence des maladies animales, a averti l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) lors de sa 77e Assemblée générale, qui s’est tenue du 24 au 29 mai.

"De plus en plus de pays attribuent au changement climatique l'apparition d'au moins une maladie émergente ou réémergente, sévissant ou ayant sévi sur leur territoire. C'est une réalité que nous ne pouvons pas ignorer et qui nous impose d'aider les services vétérinaires du monde entier à se doter de structures conformes aux normes internationales de bonne gouvernance pour y faire face", a expliqué Bernard Vallat, directeur général de l'OIE.

L'OIE a sorti récemment une étude intitulée "Conséquences des changements climatiques et des modifications de l'environnement sur les maladies animales émergentes et ré-émergentes et sur la production animale", dans laquelle Peter Black, rapporteur australien, a appelé à une nouvelle approche pour prévenir ces dangers.

Selon l'OIE, 126 des pays et régions membres de l'organisation ont participé à cette étude, dont 71% se sont déclarés " extrêmement inquiets" quant à l'impact attendu du changement climatique sur les maladies animales émergentes et ré-émergentes. 58% d'entre eux ont identifié l'apparition récente d'au moins une maladie émergente ou ré-émergente sur leur territoire comme étant directement liée au changement climatique.

Par conséquent, les membres ont mandaté l'OIE pour prendre en charge cette problématique en utilisant ses capacités scientifiques et ses réseaux notamment aux niveaux global, régional et sous-régional. Ils ont notamment préconisé des actions nouvelles au niveau de la recherche, du renforcement des capacités nationales dans les systèmes sanitaires publics et privés et au niveau de la communication pour prévenir ou réduire les effets du changement climatique sur la production animale et sur les maladies, y compris celles transmissibles à l'homme, a indiqué l'OIE dans un communiqué.

Source : Xinhua

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