dimanche 28 juin 2009

Communauté rurale de Darou Khoudos : A Ndiop Saw, le mal-vivre se conjugue au quotidien

Le lot quotidien des mille cinq cents âmes qui peuplent le village de Ndiop Saw, dans le département de Tivaouane, est l’indigence. L’accès à l’eau potable et les soins de santé primaire sont un luxe pour ces populations qui baignent dans une parfaite obscurité malgré sa proximité avec la plus grosse unité industrielle du Sénégal, les Iacs.

‘Il y a deux ans, nous avons connu une épidémie de choléra qui a failli décimer la population de ce village. C’est à partir de l’eau d’un de nos deux puits dans lequel un chien était tombé que le mal s’est propagé dans le village’. Ces propos de Saër Diop, frère du chef de village de Ndiop Saw, sont éloquents pour témoigner du mal-vivre qui est le lot quotidien des mille cinq cents âmes qui peuplent la localité. En effet, explique-t-il, malgré la présence du cadavre de ce chien qu’elles n’avaient pu faire sortir du puits et après maintes sollicitations adressées vainement aux autorités, les populations ont été contraintes de traiter elles-mêmes le puits en y versant de l’eau de javel afin de pouvoir y puiser pour leur consommation. La conséquence sera terrible puisque dramatique. Une épidémie de choléra, dans une localité dépourvue de toute infrastructure sociale et sanitaire de base. Le poste de santé le plus proche se trouve à une quinzaine de kilomètres dans la commune de Mboro ou encore à Mont Rolland, une communauté rurale voisine. Pire, ajoute-t-il, les chauffeurs rechignaient à transporter les malades de peur d’être contaminés.

Ndiop Saw qui vécut ce drame, il y a deux ans, est un village de la communauté rurale de Darou Khoudos, dans le département de Tivaouane. Dans cette localité perdue de la zone maraîchère des Niayes, les populations vivent l’indigence au quotidien. Hormis une école élémentaire de quatre classes, rien, absolument rien ne peut permettre, au voyageur qui y passe pour la première fois, de croire qu’il n’est qu’à quelques pas d’une ville. Les soins de santé primaire et l’électricité sont un luxe pour ces populations. Le village baigne dans une parfaite obscurité malgré sa proximité avec la plus grosse unité industrielle du Sénégal, les Ics. Toutes situations qui, selon ces populations, peuvent être tolérables, sauf ce manque criard d’eau potable qu’elles vivent. ‘Combien sont-elles mes sœurs qui ont connu des avortements à force d’activer la pompe dont l’un de nos puits avait été doté. Les deux épouses de mon frère ainsi que celle de mon propre fils ont perdu la vie suite à des avortements pour avoir manipulé cette pompe’, rappelle Bousso Khoulé, présidente du groupement féminin de Ndiop Saw. Pour elle, ce sont ces cas récurrents d’avortement qui ont amené les autorités du village à demander l’élimination de la pompe. Aussi les femmes continuent-elles, faute de mieux, à squatter les deux puits et, à l’aide de poulies, essaient de disposer de ce liquide précieux sans se soucier de son état de pollution. L’essentiel pour elles étant de boire et d’étancher la soif de leurs progénitures, quitte à les transporter par la suite au poste de santé en cas d’affection et même s’il reste évident qu’il n’y a aucune structure sanitaire sur une distance de plus de 10 km à la ronde. ‘Nous ne pouvons pas regarder nos enfants mourir de soif. Nous sommes obligées de boire l’eau de ces puits et de nous en servir pour la cuisine’.

A cette difficulté majeure d’accès à l’eau potable vient s’ajouter l’absence quasi-totale d’infrastructure sanitaire. Laquelle absence pèse aussi lourdement sur la survie de cette population qui vit une sorte de réclusion. Les conséquences de cette non-couverture sanitaire sont plus ressenties par les enfants et les femmes, surtout celles en état de grossesse.

Rares sont celles d’entre ces dernières qui suivent des visites prénatales, sans compter la psychose permanente du moment fatidique de la délivrance dans des conditions très précaires. ‘Le frère de notre chef de village a perdu, dans un même mois, ses deux épouses. La première a été emportée par une hémorragie après son accouchement et la seconde des suites d’une éclampsie après la naissance de son enfant et ces cas sont fréquents dans le village’, renseigne Mbène Diop, secrétaire générale du groupement féminin. Les femmes de Ndiop Saw et des autres villages environnants sont en effet obligées, pour les besoins de leur suivi prénatal et d’accouchement, de parcourir 15 km et plus pour joindre les postes de santé de Mboro ou de Mont Rolland et, très souvent, dans des conditions inhumaines.

Aussi ces populations lancent-elles un appel, une sorte de Sos aux autorités du pays, en particulier au chef de l’Etat. Elles lui demandent de se rappeler qu’il y a, dans la communauté rurale de Darou Khoudos, un village qui s’appelle Ndiop Saw où vivent des êtres humains. Des citoyens à part entière laissés à eux-mêmes comme en témoignent les propos de cet enseignant de l’école du village : ‘A Ndiop Saw, on a du mal à croire qu’on est dans un village sénégalais. Dans ce village, l’accès à l’eau potable et aux soins de santé primaire demeure encore une priorité’.

Sidy DIENG

3 commentaires:

  1. Anonyme16:49

    Et pendant ce temps-là le lobby des minéraliers essaye de faire croire que l'eau du robinet en France est mauvaise pour la santé !
    Cherchez l'erreur...

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  2. Anonyme11:48

    très bon article, comme toujours :-)

    j'aimerais bien que vous traitiez aussi les assoces qui font des puits. comment peut-on participer ?
    Merci encore pour votre super boulot

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  3. ya aussi la polluition des eaux par les industries chimiques du senegal les depotys d'acides ont atteint la nappe phreatique polluant totalement les eaux et rien est fait pour aider les populations a avoir des puits ou tout autres sources vers midi tu regardes dans un puits tu vois les couche d'huile sur l'eau c'est l'acide chose grave
    contact: 77 561 81 88 pour infos

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