mercredi 12 août 2009

L'UE met la pression à cinq mois de Copenhague

L'UE a fortement accru cette semaine la pression sur les grands pays industrialisés pour qu'ils revoient à la hausse leurs ambitions en matière de lutte contre le changement climatique, à cinq mois de la conférence cruciale de Copenhague. A Are, dans le centre de la Suède, où les ministres européens de l'Environnement et de l'Energie étaient réunis fin juillet, les Vingt-Sept ont invité les Américains et les Canadiens en particulier à les rejoindre sur des objectifs ambitieux de réduction des émissions de CO2. Ils ont aussi appelé les pays riches à accroître les engagements financiers à destination des pays les plus pauvres, pour les aider à s'adapter au réchauffement planétaire et à adopter des stratégies de développement sobres en carbone.
"Nous voulons que les négociations accélèrent. Nous pensons qu'elles vont trop lentement et l'UE veut montrer la voie dans ce processus", a déclaré le ministre suédois de l'Environnement, Andreas Carlgren, à l'issue des trois jours de réunion. "Nous n'avons pas de plan B, nous voulons juste obtenir un accord ambitieux à Copenhague", a-t-il ajouté, précisant que l'UE se tenait prête à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30% d'ici à 2020 par rapport à 1990 si un accord international post-Kyoto est trouvé."Il y a une pression accrue sur les autres parties pour être sûr qu'ils accroissent leurs ambitions et pour que non seulement les pays industriels mais aussi les pays en développement s'engagent suffisamment", a-t-il continué. Selon un document commandé par la présidence suédoise de l'UE, consulté samedi par Reuters, la stratégie américaine de réduire en deux temps ses émissions de gaz à effet de serre est par ailleurs jugée susceptible d'augmenter les risques de dommages climatiques irréversibles par les Européens .
Les Etats-Unis envisagent des réductions relativement modestes d'ici à 2020, avant d'effectuer un rattrapage après cette date mais le texte, qui s'appuie sur de récents travaux scientifiques, estime qu'"il n'est pas possible de compenser au cours de décennies à venir les émissions supplémentaires des premières années en suivant un scénario d'action retardé". Vendredi, lors d'un entretien accordé à Reuters, le ministre français de l'Ecologie et de l'Energie, Jean-Louis Borloo a fustigé le manque d'ambition américain à court terme et avait appelé Washington à s'engager plus avant. "On ne peut pas accepter que la première puissance du monde soit à 24 tonnes de CO2 par personne et qu'elle nous explique que dans dix ans elle sera à 23 tonnes", a-t-il déclaré à Are, faisant par ailleurs part de son inquiétude vis à vis du Canada.
Les Etats-Unis étudient actuellement la possibilité de réduire leurs émissions de CO2 de 17% d'ici à 2020 et 83% d'ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2005. En décembre dernier, l'Union européenne s'est engagée à abaisser ses émissions de gaz à effet de serre de 20% d'ici à 2020 par rapport à 1990, et de 30% si un accord est trouvé lors de la conférence internationale sur le climat de Copenhague. Aussi bien les Etats-Unis que l'Europe espèrent ainsi éviter que les températures globales ne montent de plus de 2 degrés par rapport aux températures pré-industrielles, un seuil de réchauffement à partir duquel les scientifiques considèrent que la situation deviendrait véritablement dangereuse.
Dans un second document préparé en parallèle de la réunion d'Are, la présidence suédoise de l'UE invite par ailleurs les pays riches à mobiliser immédiatement plusieurs milliards de dollars en aide au développement dans le but de créer un climat de confiance en vue du rendez-vous de décembre. "Clarifier et augmenter la contribution globale au financement de l'adaptation au changement climatique entre maintenant et 2012, contribuerait de manière significative à construire de la confiance avec les pays les moins développés", est-il écrit dans le texte, obtenu par Reuters. "Une contribution européenne spécifique est désirable avant Copenhague", poursuit le texte, préconisant une enveloppe comprise entre un et deux milliards de dollars. Jean-Louis Borloo a quant à lui dit à Reuters que les nations industrialisées devraient aller bien au-delà des 100 milliards de dollars annuels à l'horizon 2020, proposés récemment par Gordon Brown. "Le chiffre, c'est une question difficile, mais je peux vous donner celui de la Banque mondiale comme référence", a-t-il dit, avant que des sources européennes fassent état de 200 milliards de dollars par an. "C'est une honte absolue de laisser l'Afrique dans la plus grande des précarités", a-t-il ajouté.
Le rapport suédois indique par ailleurs que les pays de l'OCDE devraient remplir leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PIB à l'aide internationale, ce qui permettrait de dégager quelque 120 milliards de dollars en 2008 et 280 milliards de dollars en 2015.

source :Reuters

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