mardi 11 août 2009

Le combat de la croix-rouge pour l'accès à l'eau en Indonésie

Si près d'un milliard de personnes dans le monde n'ont pas accès à l'eau potable, nous nous concentrons souvent sur l'Afrique, qui ne concentre « que » un tiers de cette population. C'est en fait en Asie que le manque d'eau et d'infrastructures d'assainissement touche le plus de personnes, et d'énormes efforts restent à y faire, à l'exemple de ce programme de la Croix-Rouge sur l'île de Nias, en Indonésie, qui amène une énorme différence dans la vie quotidienne des collectivités locales.
Sabaria Lasse, 49 ans, est toujours enthousiaste à chaque fois que les gens lui posent des questions sur ses nouvelles latrines. Une construction en briques et bois située à l'arrière de sa maison dans le village de Hilizokhu, dans le nord du district de Lahewa, sur l'île de Nias.
"J'ai pris comme modèle les latrines que la Croix-Rouge construit et je l'ai fait avec mon argent», nous dit-elle fièrement.
Avant d'avoir des latrines, Sabaria et les autres habitants du village creusaient des trous à même le sol dans la cour arrière de leur maison, ou simplement utilisaient la rivière comme toilette. Avec une si mauvaise compréhension des bonnes pratiques d'hygiène, il n'est pas surprenant que l'incidence de maladies telles que la diarrhée a été si élevé parmi les villageois dans le passé.
La situation a complètement changé après l'arrivée de la Croix-Rouge dans le village il y a deux ans, suite au tremblement de terre qui a frappé Nias en 2005 et qui a laissé près de 80% des foyers du district endommagées ou détruites. Depuis, plus de 2.000 maisons ont été reconstruites sur l'île grâce à la Croix-Rouge canadienne qui a aussi financé le programme de reconstruction du système d'approvisionnement en eau et assainissement que la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) installe à travers tout le district de Lahewa.
«Historiquement, Nias a toujours été un peu isolée du reste de l'Indonésie. Nous avons découvert que, avant le tremblement de terre, moins du 30% de l'île avait un accès à l'eau courante potable, ce qui est un taux extrêmement bas », explique Nigel Ede, le sous-responsable de la délégation de la FICR à Nias.
L'accès à l'eau potable, l'installation d'un système d'assainissement de base et une bonne compréhension des bonnes pratiques d'hygiène sont des priorités évidentes identifiées par la FICR lors de lors de l'évaluation des besoins humanitaires de l'île. Au cours des trois dernières années, la Fédération internationale a fourni de facilités en eau et assainissement aux 35 communautés du district de Lahewa, ainsi qu'à 30 autres communautés du district central de Mandrehe, ces facilités comprennent des toilettes et des latrines, des installations sanitaires, un réseau d'eau et assainissement et la formation sanitaire pour assure la manutention de ces systèmes. Certains villageois peuvent maintenant bénéficier d'accès à d'eau potable qui est relié à des systèmes de captage d'eau de source, tandis que d'autres ont reçu des réservoirs pour collecter les eaux des pluies qui les fournissent en eau tout au long de l'année.
"J'ai vu les latrines communautaires construites par la Croix-Rouge, les gens les adorent !" nous rappelle Sabaria. Les latrines communautaires sont partagées entre trois ou quatre familles, mais pour les anciens comme Sabaria et quelques autres villageois, la préférence va à des latrines situées à proximité de leurs maisons. Elle a donc décidé de construire une nouvelle pour sa famille. Il a fallu trois jours pour installer une latrine à fosse septique, d'un coût de 100 USD.
Ça n'a pas été facile de mettre en oeuvre le programme d'eau et assainissement dans un environnement comme Nias. Par exemple, dans le village d'Ombolata Afulu les gens doivent marcher plusieurs centaines de mètres pour rejoindre l'ancien réservoir de captage d'eau du village, dans lequel ils recueillent l'eau d'une source située 300 mètres plus haut dans la colline. L'eau est ensuite acheminée vers un réservoir de base construit avec des tuyaux en bambou.
Avec le soutien de la Fédération internationale, une source permanente de captage d'eau a été mise en place et qui est connectée au tout nouveau réseau de canalisation communal ce qui permet la connexion à l'eau potable courante de toutes les maisons du village. "Nous avions pensé à la construction de latrines avant, mais on ne pouvait pas se permettre de perdre trop de temps, puisque assurer la nourriture pour tous a toujours été notre priorité", nous affirme Belifati Warowu, le chef du village. «Maintenant, les 40 familles d'Ombolata ont un accès à une eau propre dans leur propres foyers».
La communauté est propriétaire de chaque projet, et de ce fait prends en charge toute sa manutention. De son côté, la Fédération internationale fournit le financement, les matières premières et l'expertise technique. La communauté a formé un comité afin de prendre les décisions pour les projets et de ainsi assurer une gestion parfaite. Pour montrer leur engagement, les villageois ont du contribuer à la construction en fournissant du sable et du gravier pour une valeur d'environ 100 $ US, mais aussi ils ont fourni une main-d'oeuvre indispensable pour mener à bien les projets. Les membres du comité ont aussi pris la responsabilité de diffuser les bonnes pratiques d'hygiène, comme par exemple, se laver les mains, aux autres villageois, et, de son côté, la Croix-Rouge assure la formation des enseignants sur les techniques d'hygiène communautaire dans les écoles locales, afin que les enfants assimilent dès le jeune âge les bonnes pratiques d'hygiène pour une meilleure santé.
"L'accès à l'eau potable de qualité et de bonnes installations sanitaires sont essentielles pour assurer une bonne santé et participer à la réduction de la pauvreté», explique Nigel Ede. "Les maladies diarrhéiques tuent plus d'enfants dans le monde que le VIH et le paludisme réunis, mais lorsque vous comparez le financement international, fort peu est consacré à l'eau potable et l'assainissement".
Les statistiques de la FICR montrent qu'entre 2007 et 2008, environ 60 pour cent de tous fonds préliminaires du DREF (Fond d'urgence pour la réponse aux catastrophes) lancés par la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge ont été directement ou indirectement liés aux épidémies ayant comme source des maladies diarrhéiques aiguës. Cela représente environ 35 pour cent de plus par rapport à des statistiques similaires en 2006.
"Fatal Neglect" (ou " Négligence fatale » en français), un récent rapport produit par l'ONG WaterAid, met également en évidence le déséquilibre des investissements dans les soins de santé et de l'absence de volonté politique d'investir dans l'assainissement de base. Le rapport fait valoir que la réponse mondiale à des maladies causées par de mauvaises conditions d'hygiène n'est «tout simplement pas rationnel". Il suggère que c'est parce que l'assainissement n'est pas une affaire « à la mode » qu'il n'émeut pas ou n'excite pas l'intérêt des politiciens.
Les programmes d'eau et d'assainissement tels que ceux développés à Nias contribuent à améliorer la santé et le bien-être de millions de ménages à travers le monde. Au cours des 15 dernières années, plus de neuf millions de personnes dans le monde ont directement bénéficié des programmes d'eau et assainissement de la FICR.

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