jeudi 13 août 2009

L'Afrique, terre de famines ou futur grenier du monde?

Par Hubert Reeves

Dans nos souvenirs, même récents, certains pays de ce vaste continent sont synonymes de famine et d'enfants squelettiques. Le Programme alimentaire mondial vient en aide à des millions d'Éthiopiens menacés par la malnutrition. Et ce n'est qu'un exemple de ce problème récurrent des famines en Afrique. L'autosuffisance alimentaire sera-t-elle atteinte un jour?

«La FAO aide 39 pays par le biais de financements accordés au titre de son propre Programme de coopération technique (PCT) ou provenant de sources extrabudgétaires. Elle fournit des intrants, tels que semences et engrais, pour donner un coup de fouet à la production agricole», peut-on lire sur son site Web.

Il est même question de métamorphoser la savane guinéenne en vaste terre agricole!

La Chine et d'autres pays asiatiques, ainsi que les Émirats arabes, achètent ou louent des territoires entiers en Afrique, au point que l'on parle d'«accaparement de terres». Pour quoi faire?

Sans doute, d'abord, parce qu'on n'est jamais si bien servi que par soi-même pour apporter à sa population les récoltes prévues. Ainsi, ces pays assureront leur propre approvisionnement.

Ils font davantage: ils donnent du travail à une partie de leur population rurale en envoyant leurs paysans cultiver en Afrique.

Pourtant, une main-d'oeuvre est disponible sur place... qui reste donc inemployée.

Le président brésilien Lula da Silva tend la main aux pays africains pour leur «révolution verte»: «Nous avons avec l'Afrique des défis de développement semblables: combattre la famine et la pauvreté, et garantir la sécurité alimentaire de nos populations», a-t-il dit.

Mais il a en même temps fait la promotion des biocarburants et de la culture de la canne à sucre en Afrique pour produire de l'éthanol.

Le réchauffement climatique risque de réduire à néant 50 ans de lutte contre la pauvreté, estime l'organisation humanitaire Oxfam.

On s'attend en effet à ce que le réchauffement climatique aggrave les famines chroniques dans le monde. Les régions les plus chaudes et les plus pauvres sont menacées d'une crise alimentaire. Selon la FAO, la «quasi-totalité des personnes sous-alimentées vivent dans les pays en développement». Elles seraient «642 millions en Asie-Pacifique, 265 millions en Afrique subsaharienne, 53 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes, 42 millions au Proche-Orient et en Afrique du Nord, et 15 millions dans les pays développés».

La nourriture, déjà rare et désespérément insuffisante, le sera encore davantage, car les productions agricoles traditionnelles ne seront pas adaptées aux nouvelles conditions climatiques. Nos pays, gros émetteurs des gaz à effet de serre, ont une responsabilité historique.

Et les programmes de la FAO ou chinois sont tributaires du réchauffement.

Enfin, les progrès technologiques ne résoudront pas le problème si les émissions de GES ne sont pas radicalement réduites.

Tout comme la perte de biodiversité ne sera pas stoppée pour 2010, l'engagement pris en 2008 par les pays membres de la FAO à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d'ici 2015 ne peut être tenu pour réaliste.

Peut-être faut-il ajouter que le changement climatique s'accompagne également d'une augmentation des maladies tropicales, qui risquent d'infecter des millions de personnes au-delà des zones de famine.

Il devient pourtant urgent de tenir des engagements dont dépend le sort d'une partie si importante de l'humanité.

La réunion de Copenhague dira si une volonté internationale existe.



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