Environ 180 milliards d'euros sont perdus chaque année au niveau mondial à cause de la fraude et d'erreurs dans le domaine médical, une somme qui suffirait à quadrupler les budgets de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Unicef et contrôler le paludisme en Afrique, selon un rapport publié fin janvier.
L'étude, menée par le Réseau européen de lutte contre la fraude et la corruption dans les soins de santé (EHFCN) et le Centre pour les services de lutte contre la fraude (CCFS) à l'université de Portsmouth, révèle que 5,59% des dépenses annuelles de santé au niveau mondial sont perdues en raison d'erreurs ou de faits de corruption.
La dernière estimation faite par l'OMS des dépenses de santé au niveau mondial s'élevant à 4.700 milliards de dollars (3.269 milliards d'euros), le montant des pertes ressort donc à près de 180 milliards d'euros compte tenu de ce taux de perte de 5,59%.
"Chaque euro perdu à cause de la fraude ou de la corruption signifie que quelqu'un, quelque part ne pourra pas obtenir le traitement dont il a besoin", souligne Paul Vincke, président du EHFCN et l'un des auteurs de cette étude.
"(Ces personnes) sont malades plus longtemps et, dans certains cas, elles meurent simplement inutilement. Qu'on ne s'y trompe pas, la fraude en matière de santé est meurtrière."
L'étude a porté sur 69 exercices de 33 organisations dans six pays (La Grande-Bretagne, les Etats-Unis, la Nouvelle-Zélande, la France, la Belgique et les Pays-Bas). Le total des dépenses étudiées dépasse 300 milliards de livres. Les résultats ont ensuite été extrapolés pour produire un tableau mondial.
Les données des pays en développement, de toute façon difficile à trouver, n'auraient pas modifié le chiffre mondial, assurent les auteurs de l'étude.
Le rapport a mis en lumière différents types de fraudes : ententes sur les prix des sociétés pharmaceutiques, médecins gonflant les demandes de remboursement de leurs frais de déplacement et abusant des subventions publiques, ou encore fraude à l'assurance-maladie de la part de patients.
Deux médecins ont notamment réclamé une subvention pour leur clinique qui a finalement été consacrée au développement d'une activité d'import-export dans l'automobile.
Lundi, Jim Gee, président du CCFS, a indiqué que ce rapport prouvait qu'il était possible de mesurer la nature et l'ampleur des pertes liées à la fraude et aux erreurs, ce qui est essentiel pour s'attaquer au problème.
Jim Gee estime toutefois qu'en la matière, la première étape consiste pour les Etats et les institutions à cesser "d'être dans le déni" sur ce sujet.
"Si une organisation n'est pas consciente de l'ampleur ou de la nature de son problème, comment peut-elle ensuite appliquer la bonne solution ?", a-t-il demandé.
L'EHFCN, qui a des équivalents aux Etats-Unis et au Canada, a été mis en place pour aider les organisations travaillant dans le domaine de la santé à identifier et réduire les pertes liées à la fraude et aux erreurs afin que soit mieux dépensé l'argent destiné aux soins médicaux.
En octobre dernier, Thomson Reuters avait publié une étude selon laquelle le système américain d'assurance maladie gaspillait entre 505 milliards et 850 milliards de dollars chaque année, dont environ 22% en lien avec de la fraude et de l'escroquerie.
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