Sans quoi le fossé entre acteurs du Nord et populations du Sud ne cessera de se creuser ! Je vous recommande vivement la lecture de ce long article du Monde Diplomatique qui revient sur une question épineuse, à la limite de l’insoluble. Comment rendre efficace « l’ingérence » humanitaire dans les pays du Sud ? Sans vous réécrire le très bon article de Michel Galy, voici les principales idées qu’il avance au sujet des « professionnels occidentaux » qui cherchent à aider, supposément, les populations dans le besoin (supposément aussi).
- Les « pros » des ONG vivent entre eux dans de riches quartiers réservés aux élites occidentales, ce qui leur donne une mauvaise image
- Ces micro-sociétés régies par leurs lois finissent par dérégler les structures au cœur desquelles elles sont supposées travailler. L’idée d’un « environnement durable » comme précisé dans les Objectifs du Millénaire pour le Développement, c’est (enfin à mon sens), justement de ne pas imposer un modèle externe ou de dérégler les éco-systèmes locaux par l’arrivée de 4x4 climatisés !
- Il existe une différence entre les micro-ONG très présentes sur le terrain, qui s’adaptent à la vie locale (ne serait-ce que faute de moyens de faire autrement) et les mastodontes de l’aide au développement.
- L’humanitaire se professionnalise, avec la présence d’écoles incontournables dans le milieu. Conséquence : le personnel local est affecté aux tâches de simples exécutants et n’est pas associé à la prise de décision, qui se fait souvent dans les QG occidentaux des ONG.
- Les grandes ONG vivent dans des « sociétés parallèles », au point qu’elles n’utilisent même plus les infrastructures locales. Les voyages en avions, par exemple, sont souvent des vols spéciaux. Ils ne suivent l’actualité que sur les grands « networks » occidentaux, négligeant la vitalité des radios, dans le cas de l’Afrique. Les mafias locales s’enrichissent au passage du train de vie de ces consultants de l’humanitaire.
- Les ONG locales, souvent nombreuses, sont reléguées au rang d’amateurs face à la haute technicité (en termes de moyens, de personnel, de durée) des ONG occidentales. Et pourtant, elles sont beaucoup plus proches des réalités du terrain.
- Les ONG choisissent leur terrain de jeu… et ce n’est pas toujours le plus urgent, il leur est souvent plus facile de rester dans des zones d’accès facile qu’au fin fond des territoires. Sans parler de celles qui vont où elles veulent, sans aucune consultation des pouvoirs et sociétés civiles locales. Ces « choix de zones » peuvent avoir des répercussions sur la composition et/ou les interactions interethniques de ces pays.
Comme le dit l’anthropologue de l’université de Kinshasa, Léon Matangila : « Politique, religion et ONG sont les trois voies congolaises de l’enrichissement rapide ! »
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