mercredi 27 janvier 2010

En France la mortalité maternelle devrait pouvoir régresser

La France, en tête des pays européens pour la natalité, avec plus de 800.000 naissances annuelles, doit encore progresser pour rejoindre les meilleurs dans la lutte contre la mortalité maternelle, selon un rapport d'experts publié mardi.
En France, le taux de mortalité maternelle est encore de 9,6 pour 100.000 naissances.
Chaque année, en moyenne, plus de 70 femmes décèdent de leur grossesse ou de ses suites. Si la mortalité maternelle, d'après l'OMS, situe la France dans la moyenne des pays européens, elle reste en-deçà des meilleurs, et très loin de la Suède dont les taux sont deux fois plus faibles.
Or, selon les experts "50% de ces décès sont évitables ou présumés tels car le plus souvent liés à des mesures thérapeutiques inappropriées".
"Ces 40 morts par an sont à l'évidence inacceptables", commente le Pr Gilles Crépin (Académie de médecine), auteur de l'éditorial sur ces morts maternelles évitables.
Le constat porte sur le bilan 2001-2006 présenté dans un rapport du Comité national d'experts sur la mortalité maternelle (CNEMM), publié mardi et issu d'un travail avec l'Inserm et l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Durant cette période (2001-2006), l'âge moyen des femmes décédées de mort maternelle était de 33,3 ans. Le risque de mort maternelle est trois fois plus élevé à 35-39 ans qu'à 20-24 ans et huit fois plus à 40-44 ans et 30 fois plus au-delà de 45 ans.
Il faudrait donc encourager les femmes à avoir leurs enfants plus jeunes car les risques pour leur santé d'une grossesse tardive augmentent rapidement après 35 ans, soulignent les chercheurs de l'Inserm.
"En 2004, la France était au 16e rang des pays européens" en termes de mortalité maternelle, relève le Pr Crépin.
"On devrait pouvoir mieux faire", dit-il à l'AFP en évoquant l'Ile-de-France (IDF) où "il est absolument nécessaire de pousser les investigations pour trouver des solutions".
Les taux de mortalité maternelle de l'IDF et des départements d'outre-mer (DOM) dépassent en effet la moyenne nationale.
En IDF, cette mortalité maternelle est supérieure de 30% et, dans les DOM, elle est trois fois plus fréquente qu'en métropole.
Ce taux demeure supérieur chez les femmes de nationalité étrangère, notamment originaires d'Afrique subsaharienne qui peuvent avoir des complications obstétricales plus sévères (hypertension et infections). En IDF, le taux de mortalité maternelle chez les Africaines est de 28,9/100.000 naissances et de 10,2 chez les Françaises.
Un quart des morts maternelles survient pendant la grossesse, un tiers dans les premières 24 heures après la naissance et un autre tiers, au-delà de ces 24 heures mais à moins de 42 jours du post-partum.
Les hémorragies restent la principale cause de décès (25%). "On devrait pouvoir améliorer la situation en appliquant les recommandations du Comité des experts émises en 2004. En particulier, en mesurant la quantité de sang perdu après l'accouchement, plutôt que de se fier à des impressions", dit le Pr Crépin. La très grande majorité de ces décès par hémorragies (90%) seraient évitables, d'après le Pr Gérard Levy, président de ce comité (CNEMM).
Parmi les autres causes obstétricales de décès, figurent à part égale (10%) l'hypertension artérielle et les thrombo-embolies veineuses (phlébite avec caillot qui va boucher des artères pulmonaires) ainsi que les embolies amniotiques (12%).
L'existence de "lacunes dans le système national de recueil d'informations (...) laisse supposer un nombre encore plus important de ces décès évitables", admettent par ailleurs les experts.

Source : AFP

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