Les Etats membres de l’Union européenne (UE) ratent leur objectif en matière d’aide publique au développement et menacent les efforts globaux entrepris pour atteindre les Objectifs du Millénaire (ODM) pour le Développement », révèle le rapport AidWatch publié hier par CONCORD, la confédération européenne des ONG de Développement
Ce rapport, « Penalty contre la pauvreté : une aide plus abondante et de meilleure qualité peut permettre d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement », sort une semaine avant que les leaders européens ne se rencontrent à Bruxelles pour discuter de la position que l’Union européenne défendra au Sommet organisé en septembre par les Nations Unies sur les Objectifs du Millénaire.
Il démontre qu’en 2009, l’aide européenne pour le Développement s’élevait à 49 milliards d’€ soit 0.42% du revenu brut européen : il s’agit d’un milliard d’€ de moins qu’en 2008. Selon les estimations officielles pour 2010, le total des aides de l’UE représentera 0,46% du revenu brut européen, bien loin de l’objectif de 0,56% à atteindre en 2010 comme convenu par les États membres il y a cinq ans.
Cela représente un manque à gagner de 11 milliards d’ € causé, entre autres, par la défaillance de certaines des plus grandes économies de l’UE telles que l’Italie (-4,5 milliards €), l’Allemagne (-2,6 milliards €) et la France (-800 millions €) qui sont parmi les pires contrevenants. La Belgique fait plutôt figure de bon élève dans ce domaine. Conformément à la loi de 2002, elle aurait dû atteindre le 0,7% dès cette année. C’était bien parti mais ce ne sera pas le cas. En cause, une croissance plus forte qui relativise d’autant les augmentations prévues. Mais aussi le contrôle budgétaire de juin qui les a rabotés de 50 millions !
« Les efforts de l’Union européenne en matière d’aide au développement sont paralysés par une crise de l’engagement. Les dirigeants de l’UE ont promis en 2005 d’allouer 0,7% de leur revenu national brut pour combattre la pauvreté mondiale, mais 5 ans plus tard, ils se sont mis hors-jeu et n’ont pas respecté leurs promesses internationales en matière d’efficacité de l’aide », a déclaré Abdou Hussaini, Directeur d’ActionAid au Nigeria. « Nous ne leur demandons pas d’être plus ambitieux, mais simplement de tenir les promesses qu’ils ont faites en matière de qualité et de quantité d’aide », a-t-il ajouté.
Le rapport annuel d’AidWatch note bien que les chiffres de l’aide artificiellement gonflés continuent à diminuer par rapport à ceux de 2008. Mais, il reste qu’en 2009, 3,8 milliards d’€, soit 8% du montant total de l’aide européenne, ne sont pas véritablement de l’aide. Ce montant gonflé est constitué de 1,4 milliard d’ € d’annulation de dettes ainsi que de dépenses à raison de 1,5 milliard pour des étudiants et de 0,9 milliard pour des réfugiés présents en Europe. Si on enlève ces sommes, les chiffres réels de l’aide au développement de l’UE ne s’élèvent qu’à 0,38% du RNB européen.
« Ce sont 19 milliards € promis par l’Union européenne aux pays en développement d’ici à 2010 qui n’ont pas été donnés. Cela correspond à plus de la moitié des 32 milliards € additionnels estimés nécessaires par an au niveau mondial pour atteindre le seul objectif de la lutte contre la faim », a déclaré Justin Kilcullen, président de CONCORD.
« La crédibilité de l’Europe comme leader mondial en matière de développement est en jeu. Si les dirigeants européens veulent regagner la confiance des pays pauvres , ils doivent proposer un plan d’action ambitieux pour les OMD la semaine prochaine", a expliqué Elise Ford, chef du bureau européen d’Oxfam International.
Représentant plus de 1600 ONG européennes (dont le CNCD-11.11.11 et ses membres), CONCORD appelle les gouvernements européens à tenir leurs engagements en matière de qualité et de quantité de l’aide. Les dirigeants européens doivent s’engager juridiquement à respecter des calendriers annuels contraignants indiquant la manière dont les objectifs d’aide seront atteints et trouver de nouveaux moyens pour lever des fonds pour le développement, telle qu’une taxe sur les transactions financières qui fournirait un revenu annuel estimé de 215 milliards à un trillion d’€ [4] sans aucun coût supplémentaire pour le contribuable. L’Europe doit mettre un terme au gonflement des chiffres de l’aide et mettre les pays en développement et leurs citoyens au centre des efforts pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
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