lundi 26 octobre 2009

La FAO pointe la baisse de l’aide et des investissements dans l’agriculture


Le déclin de l’aide et des investissements dans l’agriculture a provoqué une hausse régulière de la malnutrition dans le monde pendant plus d’une décennie, avant que le nombre de personnes souffrant de la faim n’atteigne le chiffre record d’un milliard sous l’effet de la crise économique, affirme l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un rapport publié mercredi.
Si cette tendance ne s’inverse pas, les Objectifs du millénaire pour le développement, par lesquels la communauté internationale s’est engagée à diviser par deux le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici 2015, ne seront pas tenus, avertit la FAO.
Après les progrès enregistrés dans la lutte contre la faim dans les années 80 et au début des années 90, le nombre de victimes de la malnutrition a commencé à augmenter en 1995 pour atteindre 1,02 milliard cette année sous l’effet combiné de prix élevés des denrées alimentaires et de la crise financière mondiale. La barre du milliard a été franchie en juin, alors que le nombre de personnes souffrant de malnutrition était de 963 millions il y a un an.
Sur le long terme, la tendance haussière s’explique par la baisse de l’aide et des investissements privés dédiés à l’agriculture depuis le milieu des années 80, souligne l’agence onusienne basée à Rome dans son rapport sur « L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde ».
« Dans la lutte contre la faim, l’accent devrait être mis sur l’accroissement de la production alimentaire », a déclaré le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, à l’Associated Press. Le « bon sens » voudrait que l’on donne la priorité à l’agriculture, « mais c’est le contraire qui s’est passé », a-t-il ajouté.
En 1980, 17% de l’aide fournie par les pays donateurs allait à l’agriculture. Cette proportion a chuté à 3,8% en 2006 et n’a que légèrement augmenté ces trois dernières années, explique M. Diouf.
A cela, s’est ajoutée la hausse des cours des denrées en 2007 et 2008 qui a contraint des familles pauvres à vendre leurs maigres biens et à réduire leurs dépenses alimentaires, de santé et d’éducation. Même si les prix, qui ont provoqué des émeutes de la faim l’an dernier, se sont stabilisés, ils restent élevés, surtout dans les pays en développement, souligne M. Diouf.
De son côté, la crise économique mondiale augmente le chômage, réduit les transferts de fonds des travailleurs immigrés vers leurs pays et complique la tâche des pays pauvres qui veulent obtenir des crédits pour acheter des produits alimentaires, poursuit le patron de la FAO.
Trente pays ont désormais besoin d’une aide alimentaire d’urgence, dont 20 en Afrique. C’est la région Asie-Pacifique, la plus peuplée du monde, qui compte le plus grand nombre de personnes souffrant de la faim, avec 642 millions, devant l’Afrique sub-saharienne (265 millions).
La crise actuelle est sans précédent sur le plan historique, souligne le nouveau rapport. Alors que les pays en développement sont aujourd’hui « plus intégrés financièrement et commercialement à l’économie mondiale qu’il y a 20 ans », ils sont beaucoup plus exposés aux chocs sur les marchés internationaux, précise le document.
Selon M. Diouf, les dirigeants de la planète commencent à comprendre qu’il faut accroître les investissements dans l’agriculture. Il évoque l’objectif fixé au sommet du G-8 de L’Aquila en juillet de lever 20 milliards de dollars (13,5 milliards d’euros) pour aider les paysans des pays pauvres à produire plus. Reste que des investissement plus importants seront nécessaires pour tenir les engagements des Objectifs du millénaire pour le développement, souligne le rapport.
La FAO, qui accueille un sommet mondial sur l’alimentation le mois prochain, estime que la production alimentaire mondiale devra augmenter de 70% pour nourrir une population qui, selon les projections, atteindra 9,1 milliards d’habitants en 2050. Pour y parvenir, les pays pauvres auront besoin de 44 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros) d’aide par an à leur secteur agricole, contre 7,9 milliards de dollars (5,3 milliards d’euros) aujourd’hui.

Source : canadian press

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