jeudi 9 décembre 2010

L’aide au développement en Allemagne - recommandation de l’OCDE 6

Action humanitaire : mettre en place une politique d’ensemble dans le domaine humanitaire

L’Allemagne ne s’est toujours pas dotée d’une stratégie globale qui puisse guider les programmes humanitaires des différents ministères, mais s’appuie sur un ensemble de documents d’orientation et de lignes directrices, renvoyant chacun à un domaine thématique spécifique.

L’élaboration d’une stratégie d’ensemble, faisant fond sur les avantages comparatifs des divers instruments de financement, contribuerait à une répartition plus efficace des tâches et favoriserait le raccordement entre les activités de secours immédiat et de reconstruction à plus long terme.

Elle pourrait aussi faciliter la mise en place d’un système plus complet de suivi et d’évaluation des programmes des partenaires.



Accroître les moyens financiers affectés à l’aide humanitaire

Les résultats enregistrés par l’Allemagne au regard du cadre d’évaluation de l’aide humanitaire du CAD demeurent largement positifs et la part de son APD qu’elle consacre à l’aide humanitaire est passée de 2 % en 2004 à 3.3 % en 2008. Cette part reste néanmoins nettement inférieure à la moyenne du CAD pour la même année, à savoir 9.2 %, et l’Allemagne affecte à l’action humanitaire une proportion bien moins importante de son APD que la plupart des autres membres du CAD.

Étant donné la position qu’elle occupe parmi les donneurs les plus généreux, et compte tenu de l’ampleur des besoins humanitaires à l’échelle du monde, l’Allemagne devrait accroître encore les moyens financiers qu’elle met au service de l’aide humanitaire.



Préciser la répartition des tâches, resserrer les liens thématiques et renforcer l’impact

L’aide humanitaire relève de deux ministères : le ministère fédéral des Affaires étrangères s’occupe de l’aide d’urgence et le BMZ des situations de crise qui se prolongent et des activités de reconstruction à la suite de catastrophes.

Un Comité de coordination de l’aide humanitaire assure la coordination des interventions du BMZ, du ministère fédéral des Affaires étrangères et des autres acteurs humanitaires nationaux. Il se réunit à intervalles réguliers et peut en outre être convoqué au pied levé en cas de crise ou de catastrophe soudaine.

Il n’en conviendrait pas moins de mieux préciser la répartition des tâches entre les deux ministères, et aussi de renforcer les liens entre les agents du ministère fédéral des Affaires étrangères qui travaillent dans le domaine humanitaire et les spécialistes des questions de développement employés par le BMZ. On en a un bon exemple avec le programme pour la réduction des risques de catastrophe : bien que ce dernier soit financé par les deux ministères, il n’existe pas de structure de supervision unifiée ni de liens formels entre les spécialistes de la question au sein des deux ministères, ce qui nuit à l’apprentissage et à la consolidation du programme alors que la réduction des risques de catastrophe est un domaine d’intervention prioritaire pour l’Allemagne.

La séparation des moyens d’action entre les deux ministères alourdit en outre notablement les coûts de transaction pour les partenaires, surtout en cas de crise prolongée, car elle les oblige à établir des propositions et des rapports distincts, selon des présentations et des instructions différentes, pour différentes parties d’un même projet.

Si les financements à déblocage rapide fournis par le ministère fédéral des Affaires étrangères sont au-delà de tout reproche, ses projets à court terme, en revanche, vont à l’encontre des principes et bonnes pratiques pour l’action humanitaire, surtout pour ce qui est de la souplesse opérationnelle et du soutien de la reconstruction à plus long terme.

Une coordination plus étroite est indispensable, sur les questions d’ordre stratégique aussi bien qu’opérationnel, et l’Allemagne devrait s’appliquer à mettre en place des mécanismes formels à cet effet. Une meilleure coordination permettrait par ailleurs de mieux raccorder les opérations de secours immédiat et les programmes de reconstruction à plus long terme. Le CAD salue l’évaluation interministérielle en trois phases de l’aide humanitaire allemande, destinée à améliorer l’impact de cette dernière sur le terrain. Une plus grande attention à l’instauration de mécanismes indépendants de suivi et de rapports pour les programmes et projets humanitaires améliorerait par ailleurs l’apprentissage et la reddition de comptes.



Recommandations

Afin de renforcer encore l’impact de ses activités humanitaires, l’Allemagne devrait : mettre en place une politique d’ensemble dans le domaine d’humanitaire, s’appuyant sur les avantages comparatifs de ses divers instruments, mieux raccorder l’aide d’urgence et les programmes de développement ; et continuer d’accroître les moyens financiers affectés à l’action humanitaire ; et opérer une meilleure coordination autour des questions d’élaboration des politiques et d’orientation stratégique et préciser la répartition des tâches entre le BMZ et le ministère des Affaires étrangères ; uniformiser les modalités de soumission des propositions et de rapport pour les partenaires désireux d’obtenir des financements ; et renforcer les liens thématiques entre les acteurs publics et ceux de la société civile intervenant dans l’aide humanitaire allemande.



source OCDE

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