vendredi 9 juillet 2010

Crime organisé : l'Assemblée générale débat des moyens de réduire une menace globale

Les Etats Membres de l'ONU se penchent sur les moyens d'endiguer ce que le Secrétaire général a décrit lui-même comme « une menace sécuritaire multinationale », un fléau qui a profité de la mondialisation et remet en cause aujourd'hui la paix, la stabilité et la souveraineté des Etats.
Dans un rapport intitulé « La mondialisation du crime », l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s'inquiète du pouvoir d'influence qu'offrent aux organisations criminelles transnationales les milliards de dollars qu'elles gagnent chaque année du trafic de drogue, d'être humain, de ressources naturelles ou de contrefaçons, de la piraterie ou de la cybercriminalité.

Pour l'agence onusienne, il faut changer de stratégie, perturber les marchés de ces organisations plutôt que ces organisations elles-mêmes. « Pour lutter contre le crime organisé, il faut le priver de ses marchés », c'est la principale conclusion du rapport de l'ONUDC, qui sert de base aux travaux de l'Assemblée générale.

Le document de 314 pages revient sur les formes actuelles du crime organisé, la manière dont les organisations ont su profiter de la mondialisation pour se développer, étendre leurs réseaux, accroitre leurs champs d'action et leurs ressources.

« La menace n'est pas seulement économique. Les profits du crime et la menace de l'usage de la force permettent aux criminels d'influencer des élections, des partis, des hommes politiques, les cercles du pouvoir et même les militaires », indique le rapport, qui estime qu'aujourd'hui les états vulnérables ne sont pas les seuls menacés, les pays industrialisés étant les principaux marché des organisations criminelles.

Pour les auteurs du rapport, le défi majeur est de parvenir à réduire la demande de biens illicites qui alimente le trafic et enrichi les organisations. L'ONUDC appelle donc à une réponse globale, en utilisant toutes les ressources offertes par la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale, signée à Palerme, en Italie, en 2000.

« Pour combattre le crime organisé, nous devons être nous-mêmes organisés, travailler ensemble, agir avec encore plus de détermination que nos adversaires », a demandé en ouverture de la réunion de l'Assemblée générale, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon.

Soulevant l'inadéquation des politiques nationales, il a appelé les Etats Membres à mieux utiliser « les mesures riches et détaillées » contenues dans la Convention de Palerme, pour combattre le blanchiment d'argent, confisquer les biens et les avoirs des organisations, mettre un terme au secret bancaire, mener conjointement des enquêtes, protéger les témoins, échanger des informations et apporter une assistance juridique mutuelle.

Intervenant ensuite pour présenter le rapport de l'ONUDC, le Directeur de l'organisation, Antonio Maria Costa, a souligné que « certains gouvernements n'étaient pas en mesure de soutenir la lutte contre le crime organisé transnational dans la mesure où ils en étaient complice ». « D'autres n'en sont pas capables, car ils n'en n'ont pas les moyens », a-t-il ajouté, précisant qu'aucun pays ne pouvait en réalité s'attaquer seul à un tel problème.

Dans son rapport, l'agence onusienne établit qu'en Europe, 140.000 personnes sont victimes chaque année du trafic d'êtres humains à des fins d'exploitation sexuelles, ce qui génère environ 3 milliards de dollars de revenus à ceux qui les exploitent.

Le continent est aussi l'un des marchés les plus juteux pour l'héroïne. Les ventes ont rapporté 20 milliards de dollars l'année dernière et la Russie est le premier marché de la planète avec 70 tonnes consommée en 2009. Dans ce pays, les narcotiques tuent chaque année 40.000 personnes, deux fois plus que le nombre de soldats tués pendant l'invasion de l'Afghanistan.

Face à une menace globale, le Directeur de l'ONUDC, Antonio Maria Costa, a donc appelé lui aussi à une réponse globale, consistant à perturber les marchés des organisations criminelles.

« Le démantèlement de groupes criminels ne fonctionne pas, dans la mesure où ceux qui sont arrêtés sont immédiatement remplacé », a-t-il souligné, ajoutant que la lutte contre les groupes mafieux n'empêcherait pas les activités mafieuses de se poursuivre si le marché et la demande continuent d'exister. Il a aussi dénoncé « l'armée » de criminels en cols blancs, dont les avocats, les banquiers, qui couvrent les activités criminelles de ces organisations et blanchissent leurs revenus.

Dans son développement devant l'Assemblée générale, Antonio Maria Costa, a également rappelé que « lorsque les Etats n'offrent pas à leur population les services public de base et la sécurité, les criminels se substituent à eux et prennent la place ».

« Atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) serait un antidote efficace contre le crime qui est lui-même un obstacle au développement », a-t-il conclu.

Source : ONU

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