mercredi 9 décembre 2009

La sous-nutrition menace 200 millions d'enfants

Dans le monde en développement, quelque 200 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent d'un retard de croissance en raison d'une sous-nutrition maternelle et infantile chronique, d'après un rapport de l'UNICEF rendu public fin novembre et intitulé « Suivre les progrès dans le domaine de la nutrition de l'enfant et de la mère ».
La sous-nutrition contribue à plus d'un tiers des décès des enfants de moins de cinq ans. Elle reste souvent invisible jusqu'au moment où elle atteint un stade grave, et il arrive que des enfants apparemment en bonne santé souffrent en réalité de sérieux problèmes qui risquent de compromettre de façon permanente leur santé et leur développement.
« La sous-nutrition dépouille un enfant de sa force, et des maladies auxquelles son corps serait normalement en état de résister deviennent bien plus dangereuses, a dit Ann M. Veneman, Directrice générale de l'UNICEF. Plus d'un tiers des enfants qui meurent de pneumonie, de diarrhée ou d'autres maladies auraient pu survivre s'ils n'avaient souffert de sous-nutrition. »
Les 1000 jours qui s'écoulent entre la conception et le deuxième anniversaire de l'enfant sont les plus importants pour son développement. Pendant cette période cruciale, les carences nutritionnelles peuvent réduire ses capacités à lutter contre la maladie et à y survivre et amoindrir ses facultés sociales et mentales.
« Ceux qui survivent à la sous-nutrition seront en plus mauvaise santé physique tout au long de leur vie et leurs facultés cognitives seront affectées, ce qui limitera leurs capacités d'apprentissage et leurs chances d'obtenir un revenu décent, a ajouté Mme Veneman. Ils sont piégés dans un engrenage de mauvaise santé et de pauvreté qui peut durer plusieurs générations. »
Le retard de croissance est l'une des conséquences d'une mauvaise nutrition à long terme pendant la petite enfance. Il est associé à des problèmes de développement qui sont souvent impossibles à corriger. Un enfant atteint d'un retard de croissance souffrira vraisemblablement toute sa vie d'une mauvaise santé et ne pourra réaliser tout son potentiel. La réponse est donc dans la prévention. » Plus de 90 pour cent des enfants qui présentent un retard de croissance dans le monde en développement vivent en Afrique et en Asie.
Une alimentation inadéquate peut aussi entraîner une insuffisance pondérale chez les enfants. Ils connaissent alors les mêmes problèmes de santé et de développement, mais il est possible d'y remédier si la nutrition et la santé s'améliorent un peu plus tard pendant l'enfance.
Heureusement, il est parfaitement possible de réduire, voire d'éliminer la sous-nutrition. D'énormes progrès ont été faits dans la mise au point de solutions peu coûteuses, comme les micronutriments, offertes aux populations vulnérables du monde entier.
On a par exemple beaucoup progressé pour améliorer l'accès des enfants à du sel iodé et à des suppléments de vitamine A, ce qui a contribué à réduire la mortalité des enfants et des nourrissons. Dans les pays les moins avancés du monde, le pourcentage d'enfants de moins de cinq ans qui reçoivent des doses cruciales de vitamine A a plus que doublé, puisqu'il est passé de 41 pour cent en 2000 à 88 pour cent en 2008.
Parmi les interventions qui ont prouvé leur efficacité, il faut retenir l'allaitement exclusif jusqu'à six mois (puis combiné à des aliments nutritionnellement adéquats), qui peut avoir un impact significatif sur la survie de l'enfant, voire réduire la mortalité infantile de 19 pour cent dans les pays en développement. Le rapport comprend des données qui montrent que 16 pays en développement ont réussi à augmenter leurs taux d'allaitement maternel exclusif de 20 pour cent, sur des périodes allant de sept à douze ans.
Même si 90 pour cent des enfants souffrant d'un retard de croissance vivent en Afrique et en Asie, on enregistre des progrès sur ces deux continents. En Asie, la prévalence des retards de croissance est passée d'environ 44 pour cent en 1990 à quelque 30 pour cent en 2008, alors qu'en Afrique, elle est passée de 38 pour cent en 1990 à quelque 34 pour cent en 2008.
« Les engagements de la communauté internationale concernant la sécurité alimentaire, la nutrition et l'agriculture durable s'inscrivent dans un programme d'action plus large qui permettra de résoudre les questions cruciales soulevées dans ce rapport, » a dit Mme Veneman, « si l'on ne s'attache pas à lutter contre les causes de la sous-nutrition maternelle et infantile aujourd'hui, les coûts seront considérablement plus élevés demain. »

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