mercredi 9 septembre 2009

Le drame des mariages précoces en Inde

Malgré leur interdiction en 1929 par le Child Marriage Restraint Act (CMRA), les mariages de mineurs sont une pratique encore fréquente en Inde. On estime qu'à l'heure actuelle plus de 15 millions de couples y sont mariés avant l'âge de 18 ans.
En 2006, la loi de 1929 a été complétée par le PCMA (Prohibition of Child Marriage Act ), en raisons des lacunes qu'elle laissait subsister. Cependant, la pratique des unions d'adolescents ou même d'enfants n'a que très peu reculé, officieusement tolérée et officiellement peu sanctionnée.

Au Bengale-Occidental, particulièrement touché par ce phénomène, l'illettrisme et la méconnaissance des lois sont les principaux responsables des mariages précoces. Dans les familles rurales du diocèse, les fiancés ignorent parfois même leur âge exact. Malgré une loi récente qui oblige tous les Etats de l'Union à enregistrer les mariages, bon nombre d'entre eux échappent à toute surveillance et ne sont recensés que dans un cadre religieux, dont les dispositions légales varient selon l'appartenance musulmane, hindoue ou chrétienne des intéressés.
Conséquence de ces mariages, chaque année en Inde, 78 000 femmes meurent en couches ou des suites de leur grossesse, en grande partie en raison de leur immaturité physiologique. Selon l'Unicef, « les filles qui ont un enfant avant l'âge de 15 ans courent cinq fois plus de risques de mourir pendant l'accouchement que les femmes qui ont plus de 20 ans ». Une forte mortalité infantile en découle ; plus l'accouchée est jeune, moins l'enfant a des chances de survivre au-delà de l'âge d'un an.

De surcroît, les très jeunes filles, dont certaines ne sont pas encore pubères, ont davantage de risques de contracter des maladies sexuellement transmissibles que les femmes de plus de 20 ans.
Pour ces épouses trop jeunes, les conséquences sociales et économiques sont, elles aussi, dramatiques. Ayant dû renoncer à l'éducation, elles ne peuvent sortir de la pauvreté qui les a conduites à ces unions précoces. Car ce sont essentiellement des raisons d'ordre économique qui sont à l'origine des mariages d'enfants. En Inde, il n'est pas envisageable de se soustraire à la coutume de la dot - abolie pourtant depuis 1961 - laquelle doit être versée à la famille du mari, mais est d'autant moins élevée que la promise est jeune.

Véritable fléau, cette pratique de la dot est devenue ces dernières années de plus en plus lourde et exigeante, faisant de la naissance d'une fille un tel fardeau financier que l'on estime qu'elle est l'une des premières causes de la « disparition » des filles à naître (ou "femmes manquantes"), un phénomène qui ne fait que croître en Inde. Au Rajasthan, l'un des Etats de l'Union indienne où se pratiquent le plus de mariages de très jeunes enfants (âgées parfois de 5 ans à peine), le gouvernement a ainsi mis en place un programme pour aider les familles pauvres à payer les dots, en ouvrant dès leur naissance, un compte d'épargne aux petites filles.

Source : Unicef, rapport 2009.

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