mardi 15 septembre 2009

L'allaitement maternel chez les femmes séropositives

Il ne devrait plus y avoir de débat sur les pratiques à recommander, dans les pays en développement, en matière d’alimentation des nourrissons dont les mères sont séropositives, d’après l’un des chercheurs les plus reconnus d’Afrique du Sud dans le domaine du VIH/sida. « Il est temps de tenir compte des risques évidents de malnutrition et de mortalité infantiles associés à l’utilisation de substituts du lait maternel, et d’appeler à davantage promouvoir et soutenir la généralisation de l’allaitement », ont écrit le professeur Hoosen Coovadia, du Reproductive Health and HIV Research Unit (département de recherche sur la santé reproductive et le VIH) de Durban, et ses collègues, dans le numéro du 1er août de la revue médicale britannique The Lancet.
D’après M. Coovadia, la découverte récente de la présence de mélamine, un produit chimique potentiellement toxique, dans du lait en poudre fabriqué en Chine n’a fait que renforcer l’opinion des partisans de l’allaitement, déjà très nombreux.
Certains scientifiques ont affirmé que les femmes séropositives, qui courent le risque faible mais tout de même significatif de transmettre le virus à leur bébé en l’allaitant, devraient avoir la possibilité de leur donner du lait en poudre.
Cette pratique est devenue la norme dans les pays en développement et, même en Afrique du Sud, les hôpitaux publics fournissent gratuitement du lait en poudre aux femmes séropositives qui décident qu’elles ne peuvent pas nourrir leur enfant exclusivement au sein pendant six mois. On pense aujourd’hui qu’avant que le bébé n’atteigne l’âge de six mois, le risque de VIH est plus élevé si la mère combine allaitement et lait en poudre ou autres aliments que si elle ne donne à son enfant que du lait maternel ou que du lait en poudre.
Cependant, le lait en poudre présente souvent un certain nombre de risques dans des contextes de ressources limitées, parce qu’il arrive que l’eau utilisée pour la préparation soit contaminée, et parce que l’approvisionnement des hôpitaux est parfois irrégulier. M. Coovadia et ses co-auteurs accusent le « marketing irresponsable des substituts de lait maternel et l’insuffisance du contrôle de la qualité des produits » de contribuer à l’augmentation, dans les pays en développement, de la mortalité infantile liée à la malnutrition et la diarrhée.
Ils suggèrent que la promotion de l’allaitement pourrait aider à atteindre certains des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), dont la réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, la réduction de la mortalité infantile, et la lutte contre le VIH/sida et d’autres maladies. « J’aimerais que l’on préserve la pratique de l’allaitement chez toutes les femmes, même dans ce terrible contexte d’épidémie de VIH », a dit M. Coovadia à IRIN/PlusNews.
Les résultats de différents essais cliniques récents montrent que le risque de transmission du VIH par l’allaitement peut être réduit à deux pour cent seulement si la mère et/ou l’enfant reçoivent une thérapie antirétrovirale (ARV), a-t-il souligné.
« Si nous pouvons permettre aux mères séropositives d’allaiter sans courir de risques importants… Pourquoi devrions-nous nous priver de ce que la nature offre de meilleur, en choisissant une solution qui risque de devenir dangereuse, et qui, de fait, l’est souvent ? »
D’après M. Coovadia, l’argent que les autorités de la Santé dépensent en substituts de lait maternel pourrait être utilisé de manière plus utile pour financer d’autres opérations visant à soutenir les mères séropositives, telles que la distribution d’aide alimentaire ou de subventions sociales.

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